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22.3.20

Réverbère032020


Chapeaux et filaments
"Les champignons, c’était la chair même de la forêt, une chair dont la saveur tenait de l’arbre et de la terre."
C’est avec ces mots choisis qu’Alphonse de Châteaubriant écrivait au sujet des champignons. Je te nourris. Savoureusement, tu me manges. Mais voilà, je te tue si tu n’es pas attentif à ce que tu avales, fraîchement cueilli. Encore aujourd’hui, des champignons, nous en consommons sur une base régulière, achetés chez l’épicier. Toutefois, bien peu de gens s’adonnent à sa cueillette. Alors, se joindre à un cercle* de mycologues est une façon assurée de découvrir cette partie discrète et fascinante de l’univers forestier .

« La récolte des champignons pour l’utilisation alimentaire n’exige pas une science très étendue. Il suffit en effet, comme c’est la pratique en Europe, d’apprendre à reconnaître quelques bonnes espèces comestibles sous la conduite d’un connaisseur. Mais pour éviter les erreurs fatales ou dangereuses et aussi pour mieux comprendre ce monde nouveau dans lequel on s’aventure, ne convient-il pas de posséder des notions aux moins élémentaires sur la nature et le mode de vie de ces organismes mystérieux?
Les champignons appartiennent au monde végétal. Mais ce sont des plantes inférieures dépourvues de fleurs et de fruits, ni tiges, ni feuilles, ni racines. Ils se distinguent aussi de la presque totalité des plantes supérieures et même de plusieurs groupes de plantes inférieures, comme les fougères, les lycopodes, les mousses, et les algues, par l’absence de la pigmentation verte connue sous le nom de chlorophylle. C’est à l’aide de cette matière colorée que la plupart des plantes, sous l’action de la lumière solaire, peuvent absorber le gaz carbonique de l’air pour constituer leur propre substance, grâce à l’apport combiné des sels minéraux et de l’eau, puisés dans le sol par les racines. On comprend alors que les champignons, privés de ce pigment, doivent mener une vie saprophytique ou parasitaire, ou, si l’on veut, qu’ils soient forcés d’emprunter à la matière organique ou aux cellules vivantes des autres plantes et des animaux, les éléments nécessaires à leur subsistance, tout comme le font les animaux et les hommes.
La partie hors terre ne représente que l’appareil de reproduction du champignon, la partie végétative, celle qui croît et absorbe les aliments, reste enfouie dans le milieu nourricier. Ainsi, dans l’humus du sol ou le bois pourri, des filaments ténus, le plus souvent invisibles à l’œil nu, se développent en tous sens pour prélever dans ce milieu la nourriture nécessaire à leur vie. »

Champignons, 1977, René Pomerleau de la Société Royale du Canada

Les champignons des forêts possèdent un circuit souterrain d’alimentation phénoménal, microscopique fait d'entrelacements. Nos réseaux de communication modernes, invisibles, se comparent aisément à ces filaments (mycélium) dispersés dans le sous-sol, non perceptibles tant ils s’enchevêtrent dans leur multitude.



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