Chapeaux et filaments
"Les
champignons, c’était la chair même de la forêt, une chair dont
la saveur tenait de l’arbre et de la terre."
C’est avec ces mots choisis
qu’Alphonse de Châteaubriant écrivait au sujet des champignons.
Je te nourris. Savoureusement, tu me manges. Mais voilà, je te tue
si tu n’es pas attentif à ce que tu avales, fraîchement cueilli.
Encore aujourd’hui, des champignons, nous en consommons sur une
base régulière, achetés chez l’épicier. Toutefois, bien peu de
gens s’adonnent à sa cueillette. Alors, se joindre à un cercle*
de mycologues est une façon assurée de découvrir cette partie
discrète et fascinante de l’univers forestier .
« La récolte des
champignons pour l’utilisation alimentaire n’exige pas une
science très étendue. Il suffit en effet, comme c’est la pratique
en Europe, d’apprendre à reconnaître quelques bonnes espèces
comestibles sous la conduite d’un connaisseur. Mais pour éviter
les erreurs fatales ou dangereuses et aussi pour mieux comprendre ce
monde nouveau dans lequel on s’aventure, ne convient-il pas de
posséder des notions aux moins élémentaires sur la nature et le
mode de vie de ces organismes mystérieux?
Les champignons appartiennent
au monde végétal. Mais ce sont des plantes inférieures dépourvues
de fleurs et de fruits, ni tiges, ni feuilles, ni racines. Ils se
distinguent aussi de la presque totalité des plantes supérieures et
même de plusieurs groupes de plantes inférieures, comme les
fougères, les lycopodes, les mousses, et les algues, par l’absence
de la pigmentation verte connue sous le nom de chlorophylle. C’est
à l’aide de cette matière colorée que la plupart des plantes,
sous l’action de la lumière solaire, peuvent absorber le gaz
carbonique de l’air pour constituer leur propre substance, grâce à
l’apport combiné des sels minéraux et de l’eau, puisés dans le
sol par les racines. On comprend alors que les champignons, privés
de ce pigment, doivent mener une vie saprophytique ou parasitaire,
ou, si l’on veut, qu’ils soient forcés d’emprunter à la
matière organique ou aux cellules vivantes des autres plantes et des
animaux, les éléments nécessaires à leur subsistance, tout
comme le font les animaux et les hommes.
La partie hors terre ne
représente que l’appareil de reproduction du champignon, la partie
végétative, celle qui croît et absorbe les aliments, reste enfouie
dans le milieu nourricier. Ainsi, dans l’humus du sol ou le bois
pourri, des filaments ténus, le plus souvent invisibles à l’œil
nu, se développent en tous sens pour prélever dans ce milieu la
nourriture nécessaire à leur vie. »
Champignons,
1977, René Pomerleau de la Société Royale du Canada
Les champignons des forêts
possèdent un circuit souterrain d’alimentation phénoménal,
microscopique fait d'entrelacements. Nos réseaux de communication
modernes, invisibles, se comparent aisément à ces filaments
(mycélium) dispersés dans le sous-sol, non perceptibles tant ils
s’enchevêtrent dans leur multitude.
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