Powered By Blogger

8.7.20

Entr'aînés062020


Dimanche dans la rue
Dérive, ainsi aurait pu s'intituler ce billet. Le voilà tout frais. Je débute avec quelques petites courses à faire. J’emprunte le pont Johnson vers les commerces proches. Je dis : course à faire, dans le sens d’emplettes, mêlées à la flânerie. Le jogging est au corps, ce que le yoga est à l’âme. Pour ceux et celles qui vont dans ce sens, je cours uniquement lorsque j’ai un bus à attraper. Je vais à pied, à vélo. Ici, la saison est longue. Vous flânez aussi, n'est-ce pas ? Alors, le sujet de mon récit est simple, l'actualité. Mais avant, je dois passer à l’épicerie, l’heure où la file d’attente est plus ou moins terminée.

J’aime bien passer chez London Drug, en général les gens se comportent bien. Chacun porte sur soi le poids des jours. Des pharmacies présentes partout en C.-B. Belle offre d'appareils électroniques. Je m’attarde surtout dans l’allée alimentaire, les sauces, les pâtes et les craquelins Dare. J’ai la manie de regarder si le produit contient un taux élevé de sel et de sucre. Les deux ont la propriété d’être inodores, mais accentués au goût. Personnellement, je préfère mon sel gris à dose modérée au sel dissimulé discrètement partout, en abondance. Rebelote pour le sucre. C’est agaçant à la longue tout ce sucre et tout ce sel à transporter chez soi. Je finis en jetant un coup d’œil aux protéines. Elles, qui nous font avancer.

Ici, la population est surtout blanche. Pas beaucoup de gens de race noire. Je dis de race noire, car j’ai appris que les noirs ne proviennent pas tous nécessairement du continent africain. Au London Drug où je vais, il y a un noir, très foncé mince et grand au comptoir de service. En termes de pourcentage, ce n’est pas beaucoup, j’oserais même employer le mot : infime... pourcentage. J’ai aussi cru reconnaître une femme d’origine autochtone, à l’une des caisses traditionnelles. L’autre jour, lorsqu’elle m’a répondu, elle l’a fait sur un ton très affirmé. Elle n’entendait pas à rire. Pourtant, ma question me semblait légitime très en deçà de l’inutile. Des gens de cette communauté, j’en côtoie chaque jour, du regard. Ils font parfois la manche. Ils sont là, nous aussi. L’ignorance se mêle à l'impuissance.

Un soir, j’ai accompagné une femme autochtone jusqu’à la station de service Shell, non loin, sur Esquimalt Road. Elle est apparue comme ça, seule, dehors. Elle m’a dit que son conjoint, récemment, était décédé d’une surdose. Tous deux en route, du Yukon vers le sud de l’île. Elle me répétait qu’elle voulait fumer et je lui répondais que j’étais sans tabac. Elle s’est pris un sandwich, deux bâtonnets de fromage raffiné et un Pepsi. Je lui ai suggéré de la main un jus. Elle m’a répondu des yeux, pour me faire comprendre son choix. 
 
J’ai réglé au comptoir et nous sommes sortis non sans qu’elle me redemande, avant de sortir, pour des cigarettes. Peut-être que j’aurais du céder à sa demande. Nous avons fait un bout de chemin sur Tyee jusqu’à ce qu’elle me dise son plan, celui d'aller dormir de l’autre côté du pont Bridge, Rock..., dans le secteur industriel.
 
Quelques mois plus tard, je l’ai entrevue sortant d’un dépanneur, coin Douglas et Yates. Les cheveux drus et noirs, une cigarette en équilibre entre les dents.
En ville, collées un peu partout, des affiches, des lettres carrées brandissant un message, dénonçant le racisme systémique présent en sol américain. Ce qui se passe aux É.-U. sort des É.-U.. Ce qui se passe au Canada, reste au Canada. Et ici, que se passe-t-il au juste, systématiquement?
 
Notre affiche, dans l’autre langue, se lit, en saccade, ainsi: In-di-ge-nou-s-li-fe-ma-tt-er. Il résonnerait tout aussi bien que l’autre message entendu. Un mouvement tel, scientifiquement capable de... qu’ils nous seraient encore, aujourd’hui, possible de quoi? Il paraît que...des chercheurs cherchent, des études étudient. Nous serions l’objet, la cible désignée, au service des médias sociaux, des sujets obscurément humains. Une photo en double s’il vous plaît. La voici.
                                                                 Photo:LNH

Aucun commentaire:

Publier un commentaire