Ils
sont en état de soif avancée. C’est dur à avaler, mais la pluie
tombe sur d’autres points des méridiens terrestres. La végétation
autour d’ici a beau être en manque, elle doit attendre et se
réjouir d’être épargnée des flammes ou d’un vent trop
hostile. Plein feu sur le climat, à plein temps à l’écran.
Ce
matin dans la rue voisine, un homme, au pied d’un arbre trop long
et toujours vert déversait les quelques litres qu’un gros arrosoir
pouvait contenir d’eau claire. C’est ce que font beaucoup de
citoyens en cette saison. Arroser ce qui mérite encore de vivre.
Qu’en est- il des plantes au balcon ou d’intérieur? Trente-trois
Celsius dans un salon ou sur un balcon fort en ensoleillement c’est
beaucoup d’évapotranspiration. Autant en nous que dans le sol,
partout la chaleur persistante pompe l’eau restante.
Ce
soleil de plomb n’arrive pas à chasser du chantier voisin, des
ouvriers casqués. Salaire oblige. De sept heures à treize heures
ou plus encore, ils se répondent à coup sûr, marteau en main, de
mouvement en mouvement, de gorgée d’eau en gorgée d’eau. Le
truck les attend.
Les
mètres de forêt, que les uns transportent, défilent. Plus
d’arrosage, le bois est sec, à point. Plus nécessaire de faire
comme il est fait à l’arbre debout, en période de culture.
Assurer sa survie, optimiser sa croissance, qu’il pousse bien et
vite, car il détient en lui, une valeur qui sommeille, une énergie
négociable et renouvelable. L’arbre, une fois abattu, des
matériaux inertes constitués servira bien à quelque chose.
Hier,
au volant, à vélo ou au pas de marche la chaleur se voulait
partout, accablante, pour un temps du moins. L’ombre qu’offrait
la haute verdure servait de refuge contre les chauds rayons de 15
heures. Pour une courte durée, en période de canicule, l’ombre
est un bien-être immédiat que les gens saisissent. Réunies,
l’ombre et la végétation ne font qu’un. Ils sont solidaires,
servent d’écran.
En
ces temps-ci, il est à propos de parler de végétation, de pluie et
de feu. Au Sud, l’eau et le vent ont laissé derrière eux des
heures incalculables de reconstruction. Au Nord, la sècheresse
extrême, elle, déclenche des conditions favorables aux incendies et
à ses conséquences.
Entre
Kamloops, les États du sud et nous, des territoires climatiques
éloignés et distincts, confrontés à une météo imprévisible,
source de bien des spéculations et d’avertissements.
Lorsqu’une
ville s’érige en partie ou en totalité sur un marécage pavé de
rêves dorés, on se croirait dans la fable: le bricoleur et le
nuage. Terrorisme verbeux ou terreur climatique. Qui fait quoi?
La
météo et le temps qu'il fait ont toujours été un sujet universel
pour entrer comme pour quitter une conversation, sur-le-champ.