Jardinage
papillon et fentanyl
Est-ce
possible, oublier de respirer dans la nuit ? Hélas... Le jardinage
maison tout comme sortir son chien pour qu’il pisse et bouge,
compte son lot d’échange, de bavardage et de parenthèses entre
voisins. L’adage qui veut que: qui s’assemble se ressemble,
contient sa dose de vrai... et du faux.
Lorsque
deux voisins ont la piqûre de la terre, de creuser, de vouloir
réveiller les tulipes, alors, il y a matière à jaser.
Un
ou deux à la fois, pas plus, j’ai arraché de jeunes mahonias du
nouvel aménagement. Cet arbuste commun, au feuillage épineux et
persistant, coûte moins que rien et est presque immortel. C’est
pourquoi les architectes paysagers sur la planche à travail en
dessinent plus qu’il en faut. De loin comme de près, la densité
importe, pareille à une carte postale.
J’ai
dit à Nicole: ah, toi aussi t’en as arraché quelques-uns?
-
Oui, me dit-elle. Ici, c’est dense, inutilement. De plus, j’ai
besoin d’espace pour obtenir plus de fleuris.
-
Tu sais, j’ai grandi dans la vallée du Fraser, mon père était
un passionné de jardinage. Un trait de lui que j’ai hérité.
Au
rythme des mois, nous avons parlé jardinage et de notre communauté
Madrona. Au début, elle pensait de se reloger, mais plus le
printemps passait, moins son désir de quitter, allait être.
Aujourd’hui,
fin octobre, l’Halloween lentement s’installe devant les
portes-orangers des deux immeubles.
Récemment,
à la descente d’autobus, peu loquace, Nicole me dit:
-
Je viens tout juste d’apprendre que mon fils, 41 ans a été
trouvé, dans son sommeil, sans vie.
La
semaine suivante, pendant que son chaton gris courait après un
papillon blanc, elle dit:
-
Son décès est attribuable à un arrêt respiratoire. Une trace de
fentanyl, en trop.
À
la porte, sied un bouddha gris argileux, et au soleil, un large
chrysanthème d’un mauve léger.
Ink Challenge
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