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29.1.18

Réverbère022018


En 1986, loin d’aujourd’hui, je voyais, combien plus éloigné, cinq ans auparavant.


SUSPENSION

Un mot virgule
une idée point
une idée pointe
et soudain
tout un mot frappe l’espace
un mot-locomotive
un mot-hercule
se traînant se roulant
papillonnant de phrase en idéal

Un mot virgule
une idée point
aux dents un barrage
entre les poings une tête
dans les yeux
une interrogation

Es-tu...
son caractère frappe
le message

quel point suspendu!
30 juin 1986



Mains à nu

Les mains des autres
je les ai regardées
mouvantes
semblables aux poissons
comme des oiseaux
se remuer
vivantes virevoltantes

Ces mains
tôt agitées
préoccupées à l’idée de vendre
le mangeable et périssable de la vie

Au soleil montant
je les ai tous observés
ces bras étendus
aux poignets affairés
à offrir aux bouches de passage
ces formes rondes ou longues
où le ventre servira de gîte à la faim
toujours dormante

Au marché
sur de petites ardoises pâlies
des prix et des poids
il est écrit
je vous le dis
il faut le payer le prix
il faut le porter le poids
dès
le matin
dès
le début

Au marché d’Aligre

5 août 1981

Réverbère122017


Félix et Nicolas

Je me souviens de Madame Boileau, une enseignante du Conservatoire Lasalle. Elle connaissait bien le caractère des mots et le poids de la ponctuation. Je me rappelle un peu moins du fils de Gilles Boileau. J’ai voulu m’inspirer de ce scorpion et poète et je me suis mis à la recherche d’une citation de Nicolas qui me trottait, vaguement, dans la tête.
Hâtez-vous lentement [oxymore], et sans perdre courage,
Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse, et le repolissez,
Ajoutez quelquefois, et souvent effacez
Nicolas Boileau




Donc, après Boileau, voici retouchée, version raccourcie, la chronique Jardin du pacifique parue dans le Réverbère de décembre 2009.

Tradition et Poinsettia….
Je me souviens, une année, nous nous étions offert une plante du temps des Fêtes. Une sorte de démesure considérant l’espace disponible dans notre modeste maison de la rue Murray à Greenfield Park. Rue très linéaire, étroite, cassée à un bout, nommée Little Murray par les Anglos du coin.

Au blanc tapis hivernal, il fallait opposer un solide contre poids à la saison froide. C’était, se mettre dans l’ambiance. En cette période où, une autre année se prépare à partir, couronnée de tout et d’un rien, les lieux publics débordent de vert, de rouge, de souhaits et de désirs.

Le Poinsettia trônait dans notre salle à manger (le salon étant complet) au beau milieu du mobilier et de tout le reste. Comme un arbre droit et non buissonnant, il faisait un beau et bon mètre de haut et large. Un vrai spectacle de bractées rouges, de feuilles veineuses et de latex blanc. Derrière, sur le mur, j’ai cru voir apparaître cette citation imagée, d’ici ou de là-haut:

Quand il tombe, l'arbre fait deux trous. Celui dans le ciel est le plus grand.

Félix Leclerc


louisjardin@hotmail.com