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29.12.18

Correspondance122018

 Bonjour C
Je suis ici dans ma grande pièce où j'écris les intentions de mon corps. Après tout, tout nous vient de lui. Des pensées pures aux plus obscurément lointaines.J'ai aussi un cerveau complexe qui fait mes instants, capable de construire une semaine et de démonter la suivante.
J'ai aussi encore tous mes sens, ce qui me permet de jouir de ce dont l'environnement se dit fabriqué.Se reproduire, écouter ou ressentir des sensations ainsi que des émotions éteintes ou allumées. Avec ça,on marche dans le sentier où la forêt nous conduit et, un jour on bascule dans un dernier réveil, sublime, une lune absolue.
Ensuite, une autre pièce, moins grande que la précédente, une pièce à lecture, une pièce à sommeil.Sans cette petite mort,le jour suivant serait fait de pas lourds,le corps intégral incapable du moindre élan. Finalement, la plus petite et dernière pièce avec le soi matinal, l'eau fraîche et le miroir aux yeux, dans la salle de bain.

Je t'ai résumée en trois pièces l'univers où mes jours et où mes nuits sont.
L'univers de la porte orange 202. Victoria.

Donc, tu disais vouloir engager une conversation autour du pré-arrangement. Je pense que c'est une très noble mission de ta part.Moi, j'ai fait rédiger un testament notarié il y a de ça trois ans, je pense. Mais les pré-arrangements, c'est autre chose. Le testament, c'est l'administration et la disposition des avoirs ainsi que les soins (général) de fin de vie.
Les arrangements funéraires comportent les dernières volontés. Ce qui est, à mon avis, d'importance élevée.

C'est un sujet de poids et de taille. Je ne me vois pas finir mes jours ici. La fin de vie et la mort sont trop chargés de sens pour qu'elles aient lieu en terre inconnue, étrangère. Même s'ils seront d'une grande compassion.
Je ne viens pas d'ici et j'ai une compréhension ancestrale de ce rite de passage.

Je suis originaire de Saint-Ours, le long de la rivière Richelieu. Si tu fais Camping de la paix dans Google Map, tu verras la maison rouge et blanche. C'est là où j'ai grandi. Nous avions aménagé ce camping en 1967. Hérité suite au décès de mon père en 1987, nous l'avons vendu l'année suivante.Pourquoi alors vendre? Mes deux sœurs, mon père, ma mère et moi n'étions pas parvenus à un consensus réaliste.Et la mort a frappé prématurément, et sans que l'on puisse amorcer une transition planifiée.

Comment réussir avec ou dans toutes ses virgules,l'unique sortie de vie? Un sujet repoussant chez certains ou certaines mais pris très au sérieux par d'autres. Surtout, avec l'augmentation du concept de la mort assistée, l'apparition et l'application de procédures, d'une interprétation élaborée de la souffrance. J'entendais dire à la radio dans un panel de médecin savant, qu'être bien informé sur nos droits médicaux, les soins disponibles, devient un enjeu majeur pour tous.
Il faut bien s'alimenter, il faut s'abreuver, il faut respirer et il faut bien vivre pour un jour se souhaiter partir, élégamment.

Au quotidien, chez moi, après une lessive, je plie mes draps et je les suspends. Avec un bras long et un bras court, plier des draps, c'est un peu plus long dans le temps. Dans l'espace, ça donne un handicapé aux travaux ménagers.
Ce soir, je me sens comme une usine à crayon avec au bout de la mine, des muscles, des mots, des phrases réunies.
Dans mon blogue où j'accumule mes correspondances, j'en enlevé ton prénom pour la lettre A.Question de demeurer anonyme.

Au plaisir de te lire,âme sœur dans la solitude. Je me vois souvent habiter un coquillage marin. 
12 janvier 2019

Bonjour C,
Encore une fois rendu au bout. Je te dis que le temps autant beau que mauvais glisse ben vite, je trouve. Je viens de mettre une brassée de linge et le dish wash
tourne full pin.
La vie vie icitte est comme ailleurs au Canada.Des fois on s’ennuie pis des foua non. J'ai écrit un billet ben court, mais un billet tout de même.Je le joins à ce courriel. J'espère que la vie te pèse pas trop et que ton beau pays prend bien soin de toi. De mon bord, c'est l'ambivalence qui persiste. Je pars ou je reste. Y a du pour et du contre à rester ici.Pendant ce temps là, le compteur tourne sans arrêt.
Je sais, l'éternité m'a pas fait ainsi.
Pas malade encore, à part d'avoir la main droite souvent froide. j'arrive plus à m’irriguer le main normalement. J'aime toujours mon beau petit logement, et suis entouré de gens aimablement anglophone.Je suis un poète paysan, un passionné d'ail.
Je participe à un projet avec Semencier du patrimoine qui consiste à démarrer un plant à partir d'un simple bulbille d'ail sélectionné. Procédé qui vise à augmenter la qualité et la rusticité d'une semence.
Bonne année 2019 et si je vais dans ton coin un jour, je te saluerai.

Voici le billet en question, de style unique.

Le fer à repasser de ma tante Nounouche.
À la retraite depuis peu, beaucoup de mon temps se passe maintenant en ligne, sur le net. C'est ma façon de passer du bon temps seul. Seul dans le sens de...J'y reviendrai.
Quotidiennement, je me fais de nouveaux amis toutes origines confondues. Je m'érige un solide circuit sur les réseaux sociaux.Je deviens en demande et le nombre de coups de clic est en hausse modérée.

Je mets quoi en ligne? Surtout du texte allégé de quoi faire de la conversation une expérience simplement agréable. Le climat est bon même si on interprète le mot climat au goût du jour,c'est-à-dire: un sujet hyper climatique. L’atmosphère nous signale de toute sa présence. C'est un appel du pied malentendu.Je ne sais pas trop mais une cause me suffit. Il est préférable de n'embrasser qu'une cause, celle qui unanimement englobe toutes les autres. Laquelle?

C'est en foulant du pied le domaine pierreux et parfois escarpé de la Maison du Lieutenant gouverneur que la vérité s'est vers moi approchée. Cette cause, je disais, s'illumine comme la planète solaire. Je regarde et je suis obnubilé par cette étrange questionnement qui se révèle. C'est comme si j'avais besoin du soleil pour me convaincre de l'état qui m'habite. C'est rien d'anodin, tout ça.

La cause en question est d'aucune façon mystique. Non, elle se rapproche de la matière universelle à l'exemple du monde minéral ou celui végétal et se loge au cœur de la conscience.Cette cause sollicite l'esprit humain au plus haut niveau.
Enfin, pour mettre sur pause cette aspect dialectique de mon propos, je veux vous partager ce qui ne saurait être une confidence mais plutôt une renaissance.
La cause qui fait que je n'arrive pas à m'élever et être en amour, c'est son absence. Je ne renonce pas à l'âme, je suis agnostique.
Un point lumineux se manifeste toujours en moi. C'est ma part lunaire.

Texte de personne à contenu brut philosophiquement cadré dans son époque.


Bonjour C,
Je t'écris de mes deux mains et de leurs doigts vieillissants. Je frappe moins de la main droite. Elle est froide. Elle s'en va comme la vie, à tous les instants. D'ailleurs, je frappe beaucoup moins de la main droite. Un seul doigt, le majeur. Les autres, je les traîne,le poignet en déviation. C'est désagréable d'avoir toujours une main froide, de devoir la frictionner à tous instants.

Elle repartira plus tôt que prévu, fin janvier. Moi, je me demande si traverser le Canada ferait une grosse différence dans mes états d'âme.
Penses-tu que tu pourrais être plus heureuse ici, avoir une vie plus exaltante? Vivre la totale joie.
Moi, je me dis où au monde je pourrais voir l'éternité, le vide absolu, le bien être parfait, dire; je suis ubiquité.Je manque de vocabulaire malgré des heures de lectures.
Si j'étais au N.-B. je serais plus heureux? Non. Je préfère m'installer dans la région de mon enfance. La géographie serait la même. Les gens, moins, c'est normal.
Les gens vieillissent comme nous.Je ne leur dis pas. Je rêve qu'une vieille femme m'attend dans un village. Une veuve triste aux yeux bleu acier.
Merci pour le silence martial de tes photos. Je les aime, et pures.
Normand,

Bonjour Jacqueline,
Voici en rafale les mots du 29 janvier 2019.

Adieu tristesse
Bonjour tristesse
Tu n'es pas tout à fait la misère
Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent par un sourire
                                                     Paul Éluard,

Tu sais ce que c'est la mélancolie?
                     Tu as déjà vu une éclipse? ...eh bien c'est ça:
la lune qui se glisse devant le coeur, et le coeur qui ne  donne plus sa lumière.

                                                      Christian Bobin

Je suis à savourer la lecture de Marie-Didace, Germaine Guévremont, un texte terroir, de mon coin ou j'ai grandi et étudié: Le Chenal du Moine autour de Sorel. Une belle littérature laquelle par moments me rappelle la Sagouine.
À la page 115 il est écrit: Je suis pas fou à demeure,

Je sais pas si tu me croiras mais on dit qu'on traîne toujours en nous un fond de chaudron où repose l'âme. Notre soi-même. C'est pour ça qu'on entend dire: ah, ça c'est ben lui. Ou ça c'est ben elle. C'est comme si les autres voient ce qu'on n'arrive pas à voir ou à regarder.

Moi, je me dis: mourir ou je suis né, c'est comme  honorer ma terre (sainte comme Jérusalem l'est) autant que j'en suis capable. Au sujet du Dalaï Lama, il a été chassé à jamais de son pays. Quel karma! Un volcan éteint par son voisin chinois.

Oui, c'est vrai ce que tu as repiqué (Wikipédia) au sujet de Vancouver et ses grands espaces de verdure et d'eau. Si c'est comme à Victoria,le climat vancouvérois attire la foule comme un mirage, un oasis dans un désert. L'enracinement demande d'avoir en poche des kilos d'or jaune. Vivre en chambre à plusieurs...? Je sais pas.
Comme me disait, en ses mots obscurs,(elle semblait souffrir du mental) une immigrante des Prairies rencontrée chez Thrifty Foods: sous ce climat côtier, les fruits et légumes sont de saveur tiède et humide.

Je poursuis. Il y a absence de molécules chaudes rencontrées lorsque le mercure passe confortablement la barre du 25 Celsius. La bonne délivrance quand la chaleur de l'été nous couvre de ses rayons bénis et de sa pluie chaude, baptismale.
Bon, assez de climat, condamné qu'il est à se réchauffer et à nous enfumer l'été venu. J’anticipe un gâchis climatique fumant dès l'été prochain.
Sur cette note je signe et persiste,
Normand avec un d,
Au plaisir de te lire,

Bonjour Jacqueline,
Pas d'argent pour les Jeux de la francophonie? La fête semble vouloir se faire à côté. Oh Canada, terre de nos Jeux... à la mode de chez nous, savez-vous planter des choux, à la mode, à la mode...🎶🎶🎶 🎹 La GRC 🤔  àchevaleàcheval...🙏

À faire une recherche en ligne, voilà que tout me met en rogne.Le monde actuel est de plus en plus un cahot abominable. Une déroute indescriptible de tous les règnes confondus, animal, végétal, minéral. Tout ce cinéma se joue dans ma tête? Pas si sûr. En ce moment, je demeure bouche bée. Je suis intoxiqué à entendre tout ce qui ce passe ici ou ailleurs. C'est comme si j'avais besoin d'avoir en bouche un cachet miraculeux, adoucisseur. De cet état planétaire, j'émets plaintivement un son  de ma voie dolente. Ah! pauvre de moi, perpétuellement homo sapiens, debout pensif, au beau milieu du bouclier canadien.

La nature humaine fait insulte à la nature entière. J'écoute la radio et ils nous martèlent de phrases chargées de misère, de corruption, d'injustice de hurlement et je; impuissant à changer quoique ce soit. L'environnement est englué de bitume et l'atmosphère, de débris provenant de bases de recherche dans l'espace. Du savoir à l'infini.  Un vrai trou sombre pareil au joli puits, à la campagne de mon enfance; avant que nous arrive l'eau courante. Enfin, tout va bien.

Finalement, j'ai obtenu un espace dans un jardin communautaire, élégant, un soupçon de sarcasme au passage. Il est situé derrière la boulangerie Frye (qui nous vend un pain santé aux raisins 8$) et le café Spiral. Qu'à taper Google et tu verras, sans devoir quitter ton douillet chez toi.
En fait, ce jardinet ira à Juliette et Liam, ayant réussi avant eux à en obtenir un. De plus, j'ai un droit de partage avec celui d'une voisine où nous nous retrouverons côte à côte, à tourner terre et composte, au printemps. Elle est complètement enceinte (a peut être déjà mis bas) de son troisième que voilà qu'elle m'a fait cette proposition, une forme de bon procédé, en échange de mes compétences horticoles. Et de mes beaux yeux. Hihihi! J'admets, je suis choyé. Comme toutes les femmes remarquent, elle a sans doute noté ce que j'arrivais à faire pousser devant ma porte patio l'été dernier. Voilà soudainement tout s'éclaircit.

Nous sommes dans la neige depuis deux longues journées. Impensable après ce mois de janvier presque floridien que nous avons eu. Je ne sors plus ou si peu qu'à pied, surtout. Tout est miraculeusement blanc floconneux, à l'exception des eaux noires pareilles à de la suie.Nous sommes en train de recevoir une joyeuse épaisseur enneigée. Ici, tout ou presque est fermé. J'aime ce moment de paralysie, notre éphémère temps suspendu à la météo.

J'ai dépensé 75$ au VFF, cette fois. Même chose l'an passé. Faut bien sortir un peu. L'an prochain, je jouerai mon fric autrement. Le cinéma, c'est du cinéma. Les critiques, sont parfois si convaincantes au point de nous faire chavirer et à nous envoyer dans des salles, obscurément publicitaires. Une balade en forêt, c'est plus inspirant mais on risque les engelures.

Le Dalaï Lama, c'est tout un numéro celui-là. Il traîne sa vérité, ce que je respecte.
Au sujet de tes doigts, ça se passe mieux depuis? J'ai à la main droite un problème de circulation que je tente de remédier avec l’acupuncture. Vivre en chambre à Vancouver, c'est une bonne idée. Une façon de casser l'hiver rude d'ailleurs.J'évite aussi autant que possible de voyager en avion. Je rêve de traverser le pays à pied, sans en avoir véritablement le courage.

Côté lecture, je termine Alexandre Chenevert de Gabrielle Roy. De la grande littérature, à lire. Avant, je venais de finir Marie-Didace de Germaine Guèvremont. Pas autant mais singulièrement captivant.
À la prochaine,
Normand,


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