Une
brioche au passage
C’est
bien ici, c’est beaucoup chez soi, d’un côté des individus en
uniforme, de l’autre des passants. Le soleil a complété sa courbe
et le voilà, comme un vent, rendu ailleurs. Il y a quelques mois,
il n’aurait jamais cru découvrir ce mini-lieu, retranché , à
deux pas d’une piste cyclable, et du pont-bascule, blanc. Une
parcelle restante de terrain, conçue comme un passage, paysager,
sans nom apparent et semi-public.
Cet
aménagement porte sa marque distincte, il est situé entre des
immeubles suffisamment éloignés, où des portes-orangers à gros
numéros vous interpellent, le temps d’un coup d’oeil. C’est un
passage où la pelouse ressemble à un pissenlit solitaire. Un
sentier court, où l’eau se mêle à une végétation; comme si
elle avait toujours été, là, à se décomposer, à se refaire,
devant des façades de verre.
Sur
cette bande de terre, faible en inclinaison, on y voit toute la force
de l’architecte, soucieuse de recréer un environnement aussi
fidèle possible du lieu primitif. Qu’y voit-on? Des formes
rocheuses
et
végétales. Du salal, des mahonias, des cotonéasters rampants, des
potentilles naines et du bouleau droit. Des souches de nénuphar
hivernent invisibles accrochées au fond des mares. Des écrevisses
et des épinoches composent une partie de la vie aquatique. Une
diversité humaine dans une écologie incomplète, mais en
développement.
Enfin,
qu’a-t-il de plus à offrir ce passage?
Si
vous faites vite, une brève impression et un vague souvenir.
Cependant, si on s’y attarde ou après quelques visites espacées,
on y découvre la vie du moment et des reflets sortis de l’étang.
Son corps longiligne, ses cascades, du sud au nord, du nord au sud,
nous mènent ailleurs tout en demeurant au même endroit. Voilà sa
force, voilà sa contribution. Il vous fait passer d’un lieu à un
autre, d’un état présent à un état nouveau.
Endroit
imperturbable sans fantaisies apparentes, juste ici, entouré de pics
neigeux et de cerisiers japonais. À une extrémité du passage, le
Fol Épi, boulangerie-pâtisserie-café, de quoi se faire plaisir
autrement.
Photo: LNH "Il neige parfois"
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