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3.3.14

Réverbère mars 2014



Le jardin de qui déjà?
Cette fois-ci, j’en ai long à dire et à écrire. Je compte sur la clémence de la rédaction, en chef. Après tout, c’est le grand jour, c’est le mois du Festival de la francophonie de Victoria 2014.
Cette nuit, je me suis réveillé et j’ai remarqué la présence d’une banane dans le ciel d’ici, à six heures seize minutes, un clair quartier lunaire. En fait, nous étions arrivés au vrai petit matin, quelque part autour  d’un jour bleu et d’une  nuit   encore  hivernale de fin février. Oui, finement février avec derrière nous janvier et devant,  mars  mois chargé de ses trente et un jours. Mais tout brille encore autour du potager semi- éveillé, comme dans l’univers astral du petit Jaco.
Heather, ma voisine, est décédée; comme c’est souvent le cas au XXI siècle, du cancer. Je vous en parle puisqu’elle me faisait un peu penser à Emily Carr, à sa manière, on s’entend. Insulaire authentique, Heather faisait tout à pied, épicerie, visites à son jardinet communautaire et  soins qu’elle prodiguait auprès des nécessiteux. Lorsque  je l’observais discrètement; à genou à aménager avec lenteur son  espace jardin, son  work in progress, à part  le sujet épineux des travaux du Strata, j’imaginais difficilement ce qui pouvait bien trotter dans sa tête. Ce que je peux vous dire et ce que j’ai appris plus tard, c’est qu’elle a fait don de sa maison et de son jardin. Comme  prénom : Heather, de la famille botanique des Éricacées, bien destinée pour se reposer en paix dans son jardin, celui de l’Île.
Vous connaissez peut être madame Natasha puisqu’elle a déjà rédigé et signé  un texte très favorable dans le Times Colonist et le James Bay Beacon Community Newspaper au sujet de son conjoint, artiste  admiré et accompli de Victoria. Chaque printemps, elle me demande de redresser son jardinet. Natasha, elle est tout autre de ce que Heather aurait pu être, mais qu’elle n’a pas été. Cette dame mondaine et victorienne me confie cette tâche puisque son dos lui en empêche.
Début février,  par hasard, nous nous sommes croisés devant chez Cora sur Douglas (le royaume pas du petit à gros déjeuner) à attendre le bus. Elle me  parle en français, mais après quelques efforts soutenus, elle passe en vitesse shakespearienne, haut débit.
Tandis que son  mari, aux pas lents, et moi attendions, elle se tourne et me dit: Bonjour Normand, Do you do house cleaning?  Je lui réponds étonné, en anglais : Oh Natasha! Je ne fais pas de ménage. Et elle me répond avec un sourire instable: I invent things sometime. Elle voulait dire, faire le nettoyage printanier de son jardinet, bientôt. Hélas, deux autobus se présentent à nous, je monte dans le premier, bondé, le 31 et tous deux, elle et lui, satisfaits disparaissent dans le suivant à moitié vide, le 3 vers Beacon Hill Park. Notre conversation jardinage s’est comme éteinte,  reportée, il va de soi.
Madame  Sutton, elle, elle fait dans l’immobilier et possède également un jardinet dans les jardins communautaires James Bay. Elle habite au pied du parc réaménagé dans une de ces tours à dollars non loin du Fisherman Warf. Fascinant, vous me direz. Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que les chances de se croiser au jardin sont plutôt rares. Avec les années, c’est ce que j’ai pu remarquer. Ce n’est pas parce que l’on s’évite, mais c’est comme ça, sans horaire sinon celui qui pousse au désherbage occasionnel et à l’arrosage traditionnel. Chose certaine, je vais lui rappeler qu’il est possible de semer des mange-tout en février. Pratique d’Hector que j’ai réussie.
Enfin, il y en aurait bien un quatrième voisin au jardin, un fermier des Prairies, rentier mais toujours en marche. Un vrai cultivateur, un éleveur, un pétrodollar, qui sait. Chacun a son histoire.
Bon Festival! Bon Cœur du monde! Bon théâtre à Renée!
Normand Hébert
http://louisjardin13.blogspot.com

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