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29.12.12

Cristaux


Du Mont-Royal 12/2012

Quelles scènes patriotiques! Comme aime le chanter Vigneault: Mon pays ce n'est pas un pays, c'est l'hiver... et j'ajouterais c'est la neige. Je vous en prendrais bien une épaisseur pour nous couvrir d'autant de blanc. Ici, il fait un vert forêt haut comme la nuit. Donc, dans votre zone urbaine vaut mieux être contemplatif à tant de soleil, tôt ou tard, sa pureté légendaire sera devenue moins prononcée.

6.10.12

Le Réverbère 102012

 
Il existe pourtant des pommes et des oranges
Cézanne tenant d'une seul main
toute l'amplitude féconde de la terre
la belle vigueur des fruits
Je ne connais pas tous les fruits par cœur
ni la chaleur bienfaisante des fruits sur un drap blanc

Mais les hôpitaux n'en finissent plus
des usines n'en finissent plus
des files d'attente dans le gel n'en finissent plus
des plages tournées en marécages n'en finissent plus

J'en ai connu qui souffrait à perdre haleine
n'en finissent plus de mourir
en écoutant la voix d'un violon ou celle d'un corbeau
ou celle des érables en avril

N'en finissent plus d'atteindre des rivières en eux
qui défilent charriant des banquises de lumière
des lambeaux de saisons
ils ont tant de rêves

Mais les barrières les antichambres n'en finissent plus
Les tortures, les cancers n'en finissent plus
Les hommes qui luttent dans les mines
aux souches de leur peuple
que l'on fusille à bout portant
en sautillant de fureur
n'en finissent plus
de rêver couleur d'orange

Des femmes n'en finissent plus de coudre des hommes
et des hommes de se verser à boire

Pourtant malgré les rides multipliés du monde
malgré les exils multipliés
les blessures répétées
dans l’aveuglement des pierres
je piège encore le son des vagues
la paix des oranges
Doucement Cézanne se réclame de la souffrance du sol
de sa construction
et tout l'été dynamique s'en vient m'éveiller
s'en vient doucement éperdument me léguer ses fruits


Marie Uguay, poète
1955-1981
Ville Émard, Québec

2.9.12

Le florilège

Une coccinelle expulsée du Japon... Elle est plutôt en immersion dans la vie culturelle française. Non ici au Canada ou au Québec, mais en France.
Elle nous parle de lieux comme le raz de marée de mars qui est maintenant partout dans les esprits et le long des côtes terrestres.
Mais ce qui est le plus fascinant vient de paraître sous le titre de l'Astringent de l'auteure poète nippone Ryoko Sekiguchi. Elle y parle de kaki ou plaqueminier du Japon, des hommes à l'allure sobre ou astringente et de toute l'élasticité d'un simple mot, l'astringent, dans la culture japonaise. Le mot est comme le fruit, fait de multiples nuances olfactives.
Se dit dans une autre langue Diospyros kaki. Billet en construction...Télécharger photo.JPG (265,6 Ko)Colchique, photo Sylvie


Un arbre au sommet
la cloche
Simple sonorité
Mûrs
Ô!
des olives
dans un ciel explosif
méditerranéen

LNH
24 octobre

26.8.12

spetembre2012


Croisières au jardin
Tout nous arrive droit au cerveau, surtout les pensées, mais quand votre regard atterrit sur un objet, une image ou une plante fleurie dont le nom vous échappe ou la beauté vous interpelle, c'est à ce moment que l'enquête commence. Je ne sais plus quelle direction prendre, mais vu que nous traversons une période légèrement caniculaire, je me suis dit : allons vers l'eau ! Mais voilà, en cours de route je me laisse distraire par ces gens droits ou courbés, que je vois affairés à jardiner. Ils sont peu nombreux, çà et là, en ce matin estival, à vouloir arroser ce qu'ils possèdent d'espoir de récolte. Sur la côte ouest, c’est bien connu, c’est vivement vert, rarement rouge.
De loin, ce regroupement de jardinets m’annonce la présente d'une certaine abondance de formes et de couleurs. Bon, intéressant, je m'oriente vers l'une des entrées pour découvrir et admirer de plus près l'objet de tant d'efforts. Mais comme vous savez, dans un tel lieu il y a de tout, comme il en existe dans les activités humaines. Voici, je me retrouve au beau milieu d'un jardin vivrier ou communautaire. J'en observe un en particulier qui me semble très réussi. J'y remarque des structures de soutien pour faciliter la croissance de certaines plantes et une utilisation combien judicieuse de l'espace. Lorsque vous détenez 15 m carrés pour cultiver, tout est calculé et vous devez faire preuve d'ingéniosité. Je suis étonné de l'acharnement avec lequel certaines gens parviennent à faire de leur petit potager urbain, un succès économique et esthétique.
Ce couple, très minutieux, ce n'est pas la première fois que je l'observe, possède un petit véhicule motorisé de fabrication allemande. Ils ont hérité d'un lot abandonné par l'occupant précédent. À part le sol, déjà prêt à cultiver, tout était à réaliser, de la semence à la récolte. Mais voilà, je suis agréablement surpris par la symétrie particulière et l'abondance à venir qui se dessine. De nos jours, on parle beaucoup de potager de subsistance et d'autosuffisance alimentaire. Cependant, cet homme et cette femme ont l'air plutôt des gens à la fois pensionnés et passionnés, mais dont le loisir principal est, vous l'aurez deviné, le jardinage presque quotidien. Oui, jardiner, c’est beaucoup une affaire de disponibilité.
photo:Bryan McGill
Il y a de la diversité alimentaire dans ces jardins potagers. Des gens modestes, jeunes ou moins jeunes qui visent à optimiser, le temps venu, le fruit de leur labeur et dont le succès n'est pas toujours assuré. Cette apparition d'urbainculteurs et d'urbaincultrices est un phénomène en partie cyclique à intensité variable. On y cultive avec imagination, que l'on soit au niveau du sol ou sur les toits. Durant les conflits ou en temps de crises, il y a toujours eu cette pratique obligatoire de subsistance. De l'agriculture paysanne ou conventionnelle, nous sommes passés à celle de mondialisation d'une industrie alimentaire. Ici, comme dans bien d'autres villes et villages, l'acte de jardiner cache plus qu'un désir d'économiser sur le panier d'épicerie. Il signifie une volonté d'acquérir un savoir-faire à travers des lectures, des réflexions, des échanges d'informations et une bonne dose de pratique.

Une fois sortie de ce jardin vivrier, je poursuis ma route, pour ensuite atteindre l'océan. Admirables  ces montagnes si souvent à la merci des nuages. J'y remarque des camions réfrigérés et des citernes de carburant en attente, chargés d'approvisionner deux bateaux de croisière amarrés dans le port. Je paris qu'il faut bien plus que quelques jardins communautaires en production pour nourrir les vacanciers à bord des ces opulents navires océaniques. Ils sont comme un estomac flottant ceinturé par le Break Water d’Ogden Point. D'un côté, le plaisir de jardiner jusqu'à la récolte, et de l'autre, des calèches, deux triporteurs, trois autobus, dix taxis, des marcheurs. Les plaisanciers de la mer nous arrivent, plan de la ville d'une main et caméra de l'autre. En ce 150e anniversaire, Victoria accueille, nourrit et divertit.

Normand Hébert
louisjardin@hotmail


Photo0408 Bryan McGill

7.7.12

Éditionjuilletaoût2012


DE LA RUE AU SOLEIL

La gloire et le liseron



Je débuterai avec la gloire du matin, la rue suivra. Nous avons besoin d'embellie. Après tout, c'est juillet et le solstice d'été a livré son jour le plus long. Récemment, on m'a parlé beaucoup d'envahisseur, de cerfs chez certains et chez d'autres, la volubile gloire du matin dont le nom français est  belle-de-jour ou encore liseron des haies, des clôtures ou liseron tout court.  Calystegia sepium. Cette mal-aimée qu'on veut parfois éliminer à tout prix progresse lentement sous terre, sur terre et ensuite aérienne. Je la nomme la question à un million parce qu'elle est courante et dérange. Il suffit que le résident de droite ne fasse rien pour la maîtriser et elle repart de plus belle à la conquête du voisinage. Parfois encore, on emploie un produit systémique (dont l'agent actif est le glyphosate) à haut niveau de toxicité et non sélectif. Ne poussant jamais en solitaire, le liseron vit parmi ses semblables. Elle se sert des autres comme support et si elle se retrouve au centre d'une haie comme c'est souvent le cas, l'application d'un tel produit détruira à peu près tout ce qui est vivant. À déconseiller.
Cette plante est le plus coriace adversaire du jardinier. Pour l'enrayer pour de bon il y a trois moyens : l'arracher, l'arracher et l'arracher. C'est une intervention énergique il est vrai, mais cette manière est à mon avis la meilleure. Le moment d'agir est déterminant et ce sera au pic de sa croissance, moment où elle se prépare à emmagasiner ses réserves pour l'hiver. Enlever les fruits lorsqu'ils sont encore verts, avant qu'ils parviennent à maturité, et à la longue vous y parviendrez. À noter, ses fruits en forme de pois sont toxiques, voire euphorisants. Il y a aussi la voie du compromis mêlée à une attitude contemplative, car en isolé je vous suggère, cette plante saura vous offrir en abondance des fleurs pâles et éphémères.

La rue fétide

La rue est résistante et son feuillage bleuté inusité est persistant. Suis-je au jardin, suis-je à la rue, c'est intriguant de parler d'une plante affligée d'un nom pareil. La rue appartient à la même famille que les agrumes, les Rutacées. Cet arbrisseau à fleurs jaunes dégage une odeur quelque peu désagréable, mais qui a tout de même ses adeptes. De celle-ci on extrait une substance utilisée en parfumerie. Incroyable ! Elle convient parfaitement à notre région, car elle se comporte bien en milieu sec et aride. Sa floraison est comme son odeur, elle ne laisse pas indifférente. La rue adore le soleil et vivre très au sec dans un sol calcique. Si votre terrain se trouve situé sur un cap rocheux, cette Ruta graveolens pourrait convenir à votre aménagement. Elle peut servir de plante de bordure, haie basse 0,6 m par 0,5m de largeur, dans une rocaille et en bord de mer. Si vous remarquez le nom de cette plante pour la première fois, voici l'occasion de manifester votre sympathie pour la rue et ses vertus médicinales, aromatiques et même culinaires.
Normand Hébert
louisjardin@hotmail.com


28.5.12

Cerfs et rhubarbe


Cerfs et rhubarbe 
Bonjour, j'adore ces plantes, mais je me questionne à savoir si elles résisteront à l’épreuve. Mais qu’en est-il? J’en veux à ces bêtes qui circulent en bande de deux à quatre comme un petit commando pacifique à la recherche de saine nourriture. Si votre jardin est hautement protégé par une clôture de maille ou autrement ; comme un juriste dirait, vous encourez une peine moins sévère. Oui, mais c’est l’impasse.
Si vous n'avez pas encore tout à fait deviné, ce sont les cerfs (Dear you !). Oui, ils peuvent devenir de vraies bêtes de scène lorsqu'est venu le temps de se mettre à table et de se régaler de vos plantes nouvellement acquises.
Affamé, ce membre de la famille des cervidés peut s'alimenter à partir de nombreuses plantes. L’hiver est une période prolongée ou leur garde-manger est le moins garni. Au printemps, tout pousse en abondance et s’offre en pâture. Une grande quantité de nouvelles plantes sont offertes dans le commerce et coup de cœur vous passez à la caisse et celles-ci se retrouveront sur votre terrain. Certaines serviront de festin aux cerfs, mais les suivantes seront épargnées, entre autres celles-ci : les graminées, les pavots, le Ginkgo biloba, la sauge russe.
Hydrangea macrophylla ou serrata
Cependant, il y a des choix moins gagnants. Prenons l'exemple suivant. À la fête des Mères, si j'exclus le bouquet de fleurs coupées, le cadeau souvent à l'honneur est l'hortensia bleu, blanc ou rose à trois pannicules. Pourquoi ? C'est comme ça, elles se vendent bien. C'est une tradition.
À Victoria, c'est aussi une plante vedette. Peut-on le mettre en pleine terre afin qu'il refleurisse l'année suivante ? La question ! Pas toujours, c'est le genre de pousses tendres ou boutons floraux que nos amis les cerfs choisiront. Toutefois, en lieu protégé, vous pouvez regrouper des arbustes tels : rhododendrons, azalées jaunes ou oranges et des hortensias. En y ajoutant des bulbes (évitez les jonquilles, on en trouve partout et par la suite c'est les pissenlits) vous obtenez une palette de couleurs à peu de frais surtout après une longue saison victorienne, grise et humide et qu'on a le moral en baisse.

La rhubarbe
Je vais vous proposer une petite pause, question de ne pas refroidir votre intérêt. Voici une plante nostalgique qui m’étonne. C’est la rhubarbe à bâtons rouges ! Vous le savez sans doute, même parmi ceux ou celles qui n'y connaissent en rien au jardinage, cette vivace costaude comme son rhizome est peu compliquée. Cependant, la rhubarbe est comme une diva, première au jardin et volumineuse. Elle est facile à cultiver et se compte parmi les plantes les plus représentatives de notre patrimoine culinaire. Pour les cerfs qui gambadent dans la cité, la rhubarbe est une intouchable en raison de son feuillage toxique et pour nous citadin, un incontournable. Un, c'est une plante indéfectible. Deux, elle recèle un côté ornemental sous-estimé. Ses bâtons ou pétioles ont un goût acidulé et servent à composer des plats à peu de frais. Votre pied de rhubarbe est un légume au sens botanique bien que cuisiné comme étant un fruit. C'est une plante qui possède des vertus printanières.
Bon appétit!

Normand Hébert
Louisjardin13@gmail.com


4.5.12

Dans un bulbe, la nuit


Un printemps dans ma tulipe.
Quelle belle et triste histoire que cette tulipe dont j'ignore la couleur printanière. J'imagine qu'elle a été mêlée à une histoire d'écureuil. Comme c'est bête! La morale peut être de cette histoire est que lorsqu'on s'affirme on en déplaise à certains. Le gagnant dans cette aventure, c'est le bulbe. Maintenant il peut dire mission accomplie: j'ai livré une fois de plus le fruit de ma beauté. Ma tête, on l'a bouffée haut et court. Soit! Qu'on me retourne ma précieuse chlorophylle et pour le reste, desséché par le vent et les chauds rayons du jour, qu'il retourne en terre. Qu'il pleuve à l'occasion et à l'an prochain.
Moi je te souhaite du soleil et du temps chaud. J'espère que ta condition progresse en ce mois des lilas.
Bonne journée,

1.4.12

Avril 2012

Le lys de Pâques
Que son bulbe soit vigoureux, son feuillage juste, ses fleurs pures et son parfum divin,  voici le lys !  Bon an mal an, c’est à Pâques que le traditionnel Lilium longiflorum  fait son apparition sur les étagères de nos commerces. À ce temps-ci de l’année, il se  vend à peu près 12 millions de lys en Amérique du Nord uniquement. Le lys de Pâques au parfum doux et capiteux suit le Poinsettia en popularité lorsque vient le moment de souligner cette fête chrétienne et printanière. Le lys appartient à une grande famille, celle des liliacées. Les écailles de l’oignon du lys sont comestibles et utilisées dans la composition de médicaments traditionnels chinois.
Origine et soins
Cette plante est originaire de l’île de Ryuku au Japon et s’est retrouvée parmi nous lorsqu’un soldat américain nous ramena une pleine valise de ces bulbes en 1919.  Ce lys est d’un blanc immaculé remarquable, mais ses étamines ont ceci de désagréable, son pollen jaune tache. Alors, que peut-on y faire?  C’est simple, à l’aide d’une fine paire de ciseaux ou d’un sécateur à pointes effilées, vous retirez celles-ci à partir de la base, au fond de sa trompette. La durée de vie de la fleur en sera prolongée.  Vous le faites avant que la fleur s’épanouisse entièrement. C’est pour cette raison que le fleuriste soucieux, afin de bien desservir sa clientèle, élimine cet organe floral, surtout dans le cas des fleurs coupées.



L’après-Pâques…
Où placer le lys de Pâques que vous vous êtes récemment procuré? Loin d’une source de chaleur, mais dans un endroit très lumineux, mais non directement exposé au soleil. Côté arrosage, il faut maintenir le terreau humide considérant que l’évapotranspiration est élevée dans le cas d’une plante aux fleurs de grande dimension. Une fois le cycle floral complété, vous soustrayez la partie supérieure du feuillage (un tiers), pas plus, car lorsque l’on dit feuillage, on dit photosynthèse, et lorsqu’il y a photosynthèse, il y a énergie. Le bulbe doit se refaire une réserve de vigueur.  Ensuite, on peut le mettre en pleine terre dans un sol riche en matières organiques, bien drainé, eh oui, dans un lieu ensoleillé du jardin pour provoquer l’induction florale. De l’engrais?  Oui, en début de croissance, un engrais de type 15-30-15 de préférence. Pour consulter mes chroniques antérieures, ou si vous avez des questions, visiter le  blogue Jardin du pacifique à l’adresse suivante http://louisjardin13.blogspot.com/
Joyeuses Pâques!
Normand Hébert
Jardinier-horticulteur


22.2.12

Édition mars 2012

Un arbre et son patient

 Quelqu’un a écrit :<< Chaque jour a son poison et, pour qui sait voir, son antidote >>*. Ma recherche a été fructueuse. Un matin, accompagné de Pablo, j’en ai identifié un assez imposant. Inutile d’aller plus loin. J’espérais tout de même découvrir le spécimen recherché, une sorte de conifère d’un vert intense. Je dis bien une sorte de conifère puisque la plupart d’entre nous considèrent l’If comme appartenant à la classe des résineux. Il n’en est rien. C’est un faux résineux même si ses aiguilles sont aplaties et coriaces. Sa graine très toxique est enfermée dans une baie, l’arille, et non dans un cône.   Si vous l’observez attentivement, vous verrez qu’il est dépourvu de résine ou de cône, et de plus, il arrive qu’on le nomme parfois sapin traînard. Quelle confusion!
Taxus
À partir d’une voyelle et d’une consonne, un arbre. L’individu en question, l’If, est présent dans plusieurs régions du globe. Son histoire est particulièrement enracinée parmi les peuples saxons et beaucoup au sein de l’industrie pharmaceutique. Fin des années 50, des chercheurs se sont  mis à la recherche dans presque l’entièreté du monde végétal, d’un remède au cancer, une sorte de guérisseur de nos forêts. Dans toute son innocence d’arbre, on a découvert que l’If du Pacifique (Taxus brevifolia) possédait la molécule, l’agent anti cancéreux nommé le paclitaxel. Imaginez la suite…! L’espèce est vite devenue menacée, la demande du remède prometteur, excédant plusieurs fois l’offre. Dans les deux hémisphères, l’abattage d’espèces du genre Taxus se fit à grande échelle jusqu’au moment ou l’extraction de la molécule désirée se fit à partir des aiguilles de l’If européen, le Taxus baccata. Ainsi, on mit fin à une pratique désastreuse, l’écorçage de l’If.

If

Pendant que la recherche allait bon train, l’entreprise pharmaceutique Bristol-Myers Squibb breveta le produit sous le nom de Taxol. Une molécule tueuse végétale qui s’attaque aux cellules cancéreuses du corps humain. Découverte bouleversante, avec ce produit en poche, l’entreprise BMS allait connaître des années de rentabilité exponentielle. Le traitement d’une maladie trop tenace allait passer par l’If, arbre toxique dans sa totalité à l’exception de la chair de son fruit, candidement rouge, l’arille. L’If est l’arbre le plus vieillard du règne végétal simplement parce que sa mort nous échappe. Particulièrement, au  Royaume- Uni, l’If est un arbre mythique. Il suffit de taper le terme anglais yew et vous le verrez trôner dans des cimetières ou des cloîtres, asymétrique et inébranlable.


Cependant, derrière ce vert irlandais se cache un profond mystère. Cet arbre, de par sa manière de croître, semble immuable. Une fois le cœur de l’arbre atteint, ses couches périphériques durcies lui conservent toute sa force jusqu’à se replanter en lui-même. Il renaît de son centre meurtri au moyen de ses propres branches recourbées jusqu’à l’ultime enracinement. L’If est un bois qui vit, l’If est un bois qui tue. Résistant et durable, son bois servait à la fabrication d’arc et de flèche d’une capacité inouïe. Avant l’invention des armes à feu, l’arc et la flèche en bois d’If  étaient des outils de guerre redoutables, surtout lorsque la pointe en acier portait une dose virulente produite à partir de l’arbre.


Enfin, sur une note plus pacifique ou ornementale, cette essence est toute désignée pour qui veut s’adonner à l’art topiaire. C’est un arbre qui se prête remarquablement  bien à une taille légère ou sévère, pour qui désire obtenir une forme sculpturale végétale au jardin.




* Christian Bobin, « Les ruines du ciel », 2009

- Voir l’émission du samedi 11 février 2012, L'if aux frontières de la vie, La semaine verte à la télé de la SRC



Normand Hébert
http://louisjardin13.blogspot.com/

6.2.12

Février 2012

Hamamélis de Virginie
À pied, direction nord, j’arrive à l’angle des rues Menzies et Belleville où aménagera le nouveau locataire (GVHA, Greater Victoria Harbour Authority) dans le bâtiment récemment restauré du Terminal maritime du Canadien Pacifique, ici, entre la rue et le jardin sous-marin (Pacific Undersea Gardens). Le Musée de cire (RLWM) a été déménagé, destination inconnue.
Je me sens entrainer par le vent et puis découvrir place de la Confédération (Confederation Gardens Court), sa cascade d’eau givrée. Oui, voilà poindre février accompagné après 16 heures, d’un peu de plus de lumière. Représentés par leurs armoiries, les provinces et les territoires y sont rassemblés en ce lieu, à la fois historique et touristique. En cette fin de janvier, on peut toujours compter sur un tour de calèche et redécouvrir Victoria, éternellement entourée de ses pics enneigés pour peu que le vent puisse chasser jusqu’au-delà des sommets, les jours de grisaille.
Je suis à la recherche pas pour autant de verdure, mais davantage de couleurs. Qu’est-ce qui peut bien fleurir à ce temps-ci de l’année? J’ai trouvé un arbre actuellement fleuri de sa base à son sommet. On le retrouve sur le terrain de l’Assemblée législative, côté ouest. Il en existe d’autres ailleurs à ne pas en douter. C’est un arbre de taille moyenne portant des fleurs jaunes en grappes de trois qui comptent quatre pétales tordues en lanières. Celles-ci précèdent l’apparition des nouvelles feuilles. Hamamélis de Virginie dont le nom français est café du diable ou encore arbre aux araignées d’or est très recherché pour la valeur de ses composantes que l’on retrouve employées dans la pharmacopée traditionnelle et dans les produits cosmétiques. Son action permet d’arrêter un saignement et pour cette raison les lotions à barbe en compte.
L’Hamamélis de Virginie possède un port étalé comparable à sa hauteur maximale de 6m à maturité. Soyez assurés de posséder l’espace requis afin d’optimiser l’apparence de cet arbre à la fois rustique et ornementale. Des coupes excessives risquent d’en faire un bois pour foyer. Enfin, en accompagnement avec l’Hamamélis je vous suggère les houx (Ilex aquifolium) à fruits d’un rouge vif et au feuillage vert ou panaché persistent, et également le Camélia.



Normand Hébert
Horticulteur
Louisjardin13@gmail.com