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18.4.11

l'Orient du 17 ou 18 avril 2011

Qu'est ce qu'on mange? Je me souviens, souvent d'avoir entendu: Du pâté chinois! Il n'y avait rien de chinois dans ce met. Le maïs, le beurre, la patate, le boeuf venaient des champs environnants. Aujourd'hui, c'est du mangetout et des pois sucrés cultivés dans les grands jardins de Chine qui nous arrivent d'Asie.
Pour ce faire, j'ai semé 7 graines de pois mangetout et 7 graines d'épinard aux pieds de ces derniers. Aujourd'hui, je sèmerai des pois. Mon filet aidant, je récolterai des mangetout et des pois venant d'ici. Les 1260 minutes de la pleine lune me conseillent de poursuivre ainsi ma plantation toute la saison durant. Oui, si c'était tout ce que j'avais à manger, sorte de jardinage lunaire pour les terre à terre. Somme tout, je compte me procurer un milliard de pois. Ensuite, ma récolte, si la nature le veut bien, sera de quelques milliards de mangetout. Oui, mange tout!
Justement, ma soeur revient de là-bas, la République populaire de Chine. Après les conteneurs, d'ailleurs,certains passent lentement ici au bout de ma rue, dans un grand chenail entre le Mile Zero et les monts Olympic, c'est du touriste qui nous arrivent d'Orient.
Bonjour Pékin!

2.4.11

À vos outils!

Des outils tous genres confondus
Du jardinage, il existe trois grands plaisirs inégalés pour ceux qui s’y adonnent. Il y a la semence ou la plante en devenir, il y a le sol à travailler et enfin l’outil. Oui, l’outil pour les adeptes du tout jardinage sans aucune énergie que la volonté musculaire. J’en ai même connu pour qui le jardinage était avant tout l’occasion de se lancer à l’assaut des centres de jardin spécialisés afin d’acquérir l’objet rêvé haut de gamme, qu’il soit arrosoir, qu’il soit cisaille. Au début, l’activité du jardinage m’est apparue à travers de simples gestes exécutés par des individus modestement fortunés. Ce n’est que beaucoup plus tard, aux portes de l’adolescence que l’objet et le geste répété se sont installés dans mon univers mental.
Faire corps avec l’outil
De poids et de mesures variés, ces instruments, par centaines, sont classés selon la fonction à accomplir. De bois et de fer, il en va ainsi pour presque l’ensemble des outils à main du jardinier : bêche ou pelle, cisaille, sécateur, râteau, scie, houe, arrosoir à pomme ovale. Ensuite, il y a l’outil en fonction des saisons, le printemps pour la préparation du sol, en été pour l’entretien et l’arrosage, à l’automne pour la récolte et le nettoyage et enfin l’hiver et l’équipement nécessaire à l’entretien de l’outillage du jardin. C’est pendant mes études et lors de foires horticoles que je suis entré dans l’univers presque sacré de ces objets construits avant tout pour servir à son mieux, le corps humain. Un jour, j’ai réalisé l’importance accordée au fait que certains outils sont fabriqués pour gaucher et d’autres pour droitier ou même ambidextre. L’outil à main de jardin, en plus d’être silencieux, de qualité et bien entretenu, épargne efforts inutiles et douleurs corporelles. Une pelle en acier trempé, renforcer au bon endroit et aminci à la tranche pour une coupe assurée vous offrira toute l’aisance du mouvement auquel votre corps peut s’attendre. Au contraire et moins solides, les outils emboutis sont obtenus à partir d’une simple feuille d’acier et formés dans une presse. Un tel instrument n’offre que la forme et une fonction réduite à son minimum. Aller chercher la juste dose d’énergie corporelle à partir de la force musculaire, voilà comment les outils manuels deviendront vos meilleurs compagnons, les complices du jardinier amateur ou professionnel. La moitié du plaisir du jardinage est l’observation. L’autre, le travail lui-même que nous accomplissons.
Des marques
La majorité des très bons outils de jardin sont fabriqués à partir d’alliages robustes, comme le sécateur Sandwick pourvu de poignées légères en graphite, un outil à main pratique de qualité qui s’est inspiré de son concurrent Felco. Le bois fait toujours partie de la composition de plusieurs outils et sa popularité tient à la fois de ses qualités particulières et du respect qu’on lui porte. L‘outil de jardin sert soit la propagation et à l’entretien des végétaux soit à l’enlèvement de ceux-ci. Dans l’est du pays, du moins au Québec, Felco, Garant, Sandwick, Fiskars sont des marques reconnues pour qui veut s’offrir une qualité supérieure. Ici, en plus, sur la côte ouest, l’on retrouve des marques offrant des outils exemplaires et résistants .Ils doivent être durables et attrayants et c’est ce que j’ai obtenu avec des produits de marque Corona et Kenyon. Ensuite, il y a le vestimentaire à ne pas négliger, l’arrosoir ergonomique telle la série anglaise du fabricant Haws, à considérer et la souplesse des boyaux de trois à cinq plis (couches d’épaisseur) pour éviter les désagréables entortillements. Voilà!

Normand Hébert
Article paru dans l'Express du Pacifique de Vancouver, 25 mars 2011

Photos: Juliette Hébert

1.4.11

Bienvenue au pays des bulbes

Des jonquilles aux paniers bio
Jaune comme dans jonquille ou jonquille comme dans soleil, il faut bien le reconnaître, avec le soleil tout devient possible au pays des bulbes. Je me suis retrouvé tout autrement, en cette journée rurale de mars, sur cette route étroite, et autour, des nuages qui venaient de partout. Au loin, l’autoroute 17, grouillante de véhicules de tous genres et enfoncée dans l’horizon, au bout, un champ au repos. Je me suis vite senti enveloppé d’or et de vert comme si ces couleurs emblématiques empruntées aux légendes du temps allaient m’introduire dans un conte familial.
Fêtes et financement
Oui, un conte, et c’est bien à partir d’une simple transaction entre deux voisins, quelques sacs à l’essai, il y a de ça plus de cent ans, que depuis des bulbes de jonquille sont cultivés à grande échelle dans cette île de Vancouver. Cette année, encore des millions sortiront de terre pour être récoltés par des mains de travailleurs migrants ou sédentarisés. Des gestes exécutés par des mains agiles d’ouvriers agricoles au dos incliné et persistant lesquels arrivent à satisfaire à la demande grandissante pour cette fleur coupée printanière. Un couteau bien affuté, de petits élastiques, un code barre au coup et c’est parti. Posséder du désir de gagner, de paquet en paquet tant qu’il fera beau et qu’il en aura. Des millions de bulbes de jonquilles sont bon an mal an, dès les premiers froids mis en terre et en mars récoltés afin de répondre au besoin des clients. Il en existe un en particulier dont le défi, de nos jours, est de taille. De quelques centaines livrées au début des années cinquante, la Société canadienne du cancer de Toronto en a fait sa marque de commerce et fait en sorte de propulser l’entreprise familiale de Saanich, au rang de premier producteur de jonquille au Canada. Un rappel annuel à tous les Canadiens et Canadiennes que la jonquille est devenue synonyme de détermination afin d’enrayer cette maladie. Vainqueur et d’espoir, nous serons. Des 18 millions, autour de dix millions de ces fleurs coupées, emballées, réfrigérées seront finalement distribués, sur le point d’éclore entre vos mains, un peu partout au pays, pour cette occasion.
Fête des mères, Pâques ou campagne de financement les tulipes, les jonquilles ou narcisses sont des éléments recherchés malgré le côté éphémère de leur nature. Qu’une entreprise de type familiale ait réussie à conquérir un tel marché après cinq générations, il faut reconnaître le flair et la ténacité de ses dirigeants. Lentement, cette réussite a débuté que très modestement à l’époque des défricheurs. Contrairement, aujourd’hui, des fortunes sont érigées en moins d’une génération dans des domaines volatiles comme la bourse, l’électronique voire de l’immobilier.
Fleurir et nourrir
En agriculture ou en horticulture, des choix s’imposent et il faut prendre des risques et souvent avoir à jongler avec les lois de la nature et celles du marché. Une entreprise doit se diversifier et c’est bien ce à quoi la direction de la maison Vantreights est en train de réaliser. Le discours prend forme et se traduit par une pratique agricole qui répond aux enjeux environnementaux actuels. À ses tous débuts, précédent les jonquilles, le premier de la dynastie Vantreights venue d’Irlande s’était lancé dans la culture des petits fruits sauvages dans le secteur qui aujourd’hui porte de nom de Gorden Head situé près de l’Université de Victoria. Je vous l’accorde, le temps des pionniers est bien révolu. Mais en ce XXIe siècle, une tendance forte se dessine autour de l’agriculture biologique, le panier bio et des aliments de proximité. C’est le sillon dans lequel l’entreprise semble avoir choisi de s’engager. À en croire l’ingénieur agricole responsable à la production, le contexte actuel est tout à fait favorable à la diversification et à l’introduction d’une telle pratique. Aujourd’hui, le producteur de jonquille tente d’assurer sa viabilité et son avenir et propose à sa municipalité une modification à la loi sur le territoire afin de permettre la réalisation d’un projet domiciliaire. Le débat entourant la question des terres agricoles et l’étalement urbain continue à animer, partout au Canada, de vives discussions.
Normand Hébert
Article paru dans l'Express du Pacifique de Vancouver, 25 mars 2011



Photo: Juliette Hébert

Le jardin de Sendaï

Le jardin de Sendaï
L’autre jour, je me suis mis à rêver d’un jardin à la fois zen à la fois japonais. À distance, je pouvais discerner des formes de vie que l’on reconnait que tout naturellement dans le paysage qui nous entoure. À l’intérieur, on y comptait deux imposantes pierres assises, l’une mâle, l’autre femelle et veinée de couleurs. Mais avant tout et tout autour, l’eau immobile présentait un monde d’éléments, un univers, le nôtre comme si ce que je voyais avait été déposé à mes pieds. Au-delà des pierres, un pont en forme d’arc-en-ciel, mais construit de bois et sur lequel étaient penchés deux visiteurs admiratifs. Dans l’eau transparente, de lourdes carpes rouges ou grises mangeaient ce que le fond voulait bien leur offrir de particules de toutes sortes. Un tableau tiré du réel, complet et réussi où m’apparaissait un vallon, devant, une bande de verdure ornée de végétaux aux motifs printaniers. Bienvenue au jardin de Sendaï.
Un amélanchier blanc de fleurs accompagnait un pin recourbé, battu par le vent. Ensuite, un érable du Japon sur le point de donner des feuilles tandis que sur le versant sud, des cerisiers décoratifs déployant des fleurs tout entières et défiant les forces naturelles parfois si brutales à l’homme et à la vie. Je voyais, bien ancré par une forte tige au lit de l’étang, des fleurs de bouddha, des lotus en devenir. Pour continuer ma visite, des nymphéas, des iris, des pivoines arbustives, véritable atomiseur à parfum, tous en présence de bambou servant de clôture végétale. Tout de ce paysage montait sur scène comme un spectacle sur le point de commencer. Bien plus, un jardin sec composait la cour intérieure du pavillon. Une mer de gravier dans laquelle se reposaient des îlots de pierres en forme de tortue et non loin, un banc disponible à tous. Sur ces pierres, des mousses statiques et intemporelles pour l’esprit surchargé de beauté. Pour la cérémonie du thé, une lanterne témoignait du nécessaire temps d’arrêt. Le jardin de Sendaï affichait un silence de grue, où des mains habiles et vigoureuses avaient su donner à la matière, une âme singulière. Que dire de plus de ce jardin semi-nordique sinon qu’il semblait appartenir au simple regard des passants.

Mais un jour de mars, le ciel a basculé. Le jardin de Sendaï a été frappé par l’air salin venu du large et de la puissance des grands fonds. Au même jour de printemps, les oiseaux se sont tus et ce paisible jardin de symboles a soudainement senti toutes ses formes s’entremêler pour se dissoudre dans une mer épaissie et lourde d’objets de toutes sortes. De séisme en raz de marée; aux survivants de Sendaï, de sa préfecture dévastée, dont la maison et le jardin leur servaient de refuge dans des temps plus sereins, des souvenirs heureux, j’ose espérer, viendront germer et renaître au fond de leur imaginaire. Au pays nippon, c’est dans l’art inébranlable du jardin à image que chacun puise toute son intensité et beaucoup de patience après tous ces tremblements venus de nulle part.
Normand Hébert
http://louisjardin13.blogspot.com/
Photo : Le pont plat, Jardin Van Dusen, Vancouver.