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2.12.11

Emblème floral

Emblème floral
Se trouvait en parallèle, l’Alberta, la Colombie-Britannique et tout au dessus le Yukon. Pleine végétation, des minéraux à profusion et en plus, des torrents d’eau douce. Une sorte de grand jardin au territoire immense dans lequel une bonne tranche de la nature humaine sait se servir en toute abondance. Ce que ces provinces et ce territoire ont en commun, ce sont de grands espaces pour une bien faible densité humaine. Mais elles ont plus encore. Tous les trois possèdent leurs armoiries respectives et dans celles-ci se trouve un emblème floral.
Un emblème floral est un végétal et non spécifiquement une fleur. De par sa symbolique, il est représenté par une plante, un arbre ou un fruit et il est choisi par une communauté en raison de son caractère représentatif. Exemple, le tiaré ou Gardenia tahitensis est la fleur emblématique (odorante) de la Polynésie Française. Mais plus près d’ici, il y a à découvrir.
La Colombie Britannique


Notre province possède sa fleur emblématique et elle est portée par un arbre. C’est le cornouiller du pacifique ou Cornus nuttalii. L’arbre emblématique d’ici se nomme le thuya de l’ouest ou Thuja plicata (western red cedar). Toutefois, son arbre de Noël officiel est le Sequoia géant, à l’exemple de celui que l’on retrouve à gauche du monument de la reine Victoria devant l’Assemblée législative. Tout lumineux et de couleurs, le premier décembre marque le lancement des Fêtes de la nativité à travers le Canada par une cérémonie à cet effet devant le bâtiment principal de l’Assemblée législative.
L’Alberta


Cette province voisine qui regorge de bitume noir, compte plus d’une histoire florale. Sa fleur emblématique est la rose aciculaire. C’est le pays de l’horticulteur et hybrideur d’origine française Georges Bugnet décédé à l’âge de 102 ans en 1981. Hybrydeur, il a obtenu et breveté le rosier ‘’Thérèse Bugnet’’ en l’honneur de sa fille Marie-Thérèse Bugnet et que l’on retrouve encore de nos jours dans le commerce. C’est en 1980 que j’ai rencontré G.Bugnet. Il était à gravir sa cent unième marche d’existence. Pour l’arbre emblématique, vous aurez deviné c’est un conifère, le pin tordu ou Lodgepole Pine, Pinus contorta. En Alberta, loin de la côte, c’est un arbre de forme élancée à valeur économique élevée, et qui servait entre autres à la fabrication des traverses de chemins de fer.
Yukon


J’aime bien son emblème floral, elle me rappelle les bords de route menant en Gaspésie. D’ailleurs, on la retrouve un peu partout en Amérique du Nord jusqu’en Europe. Sa fleur est produite par une plante pionnière de couleur magenta, c’est l’épilobe des brûlés dont le nom anglais est Fireweed, ou encore l’Epilobium angustifolium. En période florale, elle colore l’horizon d’un rose tout matinal. L’épilobe est présente dans les armoiries du Yukon et sur son drapeau. Toutefois, contrairement aux deux provinces, le blason floral est absent du drapeau franco-yukonnais. Le sapin subalpin ou Abies laciocarpa est l’arbre qui représente ce territoire du soleil de minuit.
Et le Canada?
Enfin, pour ce qui est du Canada, il est absent de la liste, sinon que par la présence d’une feuille d’érable de couleur automnale au drapeau. Nous pouvons affirmer qu’elle est l’emblème floral officieux et historique du pays.
Normand Hébert
http://louisjardin13.blogspot.com/

4.11.11

Édition novembre2011

11 111 et des feuilles…


On commence à penser parapluie et un peu moins verres fumés. Ce mois-ci, c’est le festival des feuilles et en prime une palette de couleurs. C’est un bon deal pour le prix. Elles ne font pas que tomber les feuilles, elles repoussent le printemps suivant suite à une lente agonie. En gros, elles se décomposent naturellement ou mécaniquement et compostées, elles reprennent la route toute naturelle de la matière végétale. Et plus tard métamorphosées, elles renaitront autrement, ailleurs, comme nous, peut-être.
En lisant l’infolettre « Connect » publiée par la Ville de Victoria, j’apprends textuellement que les feuilles ici sont en résidence «residential leaves ». Comme quoi la langue peut-être à la fois redoutable ou inoffensive. Pour moi, les feuilles naissent dans le ciel et meurent inexorablement dans la rue. La collecte de ces déchets par les employés municipaux, qu’ils soient déposés en vrac ou dans des sacs biodégradables, débutera le lundi 14 novembre (juste avant les élections scolaires et municipales du 19) et prendra fin début janvier 2012. Si vous êtes embêtés, vous pouvez faire le 250.361.0600 pour assistance. Une voix humaine devrait être en mesure de vous répondre sur-le-champ.
Au sujet des villes voisines, c’est souvent vers le garage municipal qu’il faut se diriger et le service est gratuitement offert à ses résidents. L’autre formule, c’est de composter soi-même, feuilles, déchets de jardin et de table excluant le non-végétal. À partir de 2013, tous les déchets de table seront pris en charge et intégrés à la collecte des déchets domestiques (à Victoria). La voie vers le recyclage et la récupération est libre. Restera à nous convaincre de réduire notre consommation surtout celle dont la source est fossilifère. À l'âge du texto et du téléphone intelligent, n'aurons-nous pas d’autre choix, et d’en parler.
La question du jour, en cette troisième saison est devons-nous ratisser le terrain à l’automne ou laisser tout sur place et attendre au printemps? Un conseil, votre espace jardin ne peut se transformer et devenir un site de compostage à ciel ouvert. La décomposition de la matière végétale est trop lente et le dépôt prolongé de celle-ci entrave les opérations d’entretien. L’apport en matière organique est essentiel, mais sous une forme plus assimilable, c'est-à-dire déjà décomposée et facile à incorporer au sol. Pour ceux qui se refusent à intervenir et préfèrent laisser la nature faire son œuvre, le résultat est comparable à la vie en forêt. C’est très harmonieux et respectueux du cycle naturel, l’écologie. Mais, considérant que l’activité humaine se passe en milieu urbain, nous devons admettre que notre présence et notre mode de vie s’accommodent tant bien que mal avec le rythme que l’on observe dans un écosystème forestier.
Dans cet esprit, le jardin anglais vise à se rapprocher de l’idée d’une nature pure, intacte et luxuriante. Une manière de faire amende honorable. Au contraire, le jardin dit latin porte en lui le germe de la soumission, le désir de dominer la nature, l’assujettir à l’homme.
En conclusion, si nous désirons améliorer la propriété physique d’un sol, ce sera avec des amendements et des engrais. Indirectement, c’est ce que font ces feuilles qui tombent une à une. L'aspirateur géant des cols bleus municipaux sillonne nos rues à la conquête de cette énergie, le feuillage multicolore.
Normand Hébert
louisjardin13@gmail.com

7.10.11

Octobre 2011

Qu’est-ce qu’on mange!
Pour le moins que l’on puisse dire, la route est sinueuse, mais elle nous même après quelques virages et deux montées, à Sooke Harbour House. Voici le pacifique, voilà le jardin et son auberge mytique. Mais avant, j’ai pu observer, passé les serres artisanales; des porcs affairés à se nourrir, des agneaux libres dans un enclos. De quoi se régaler, bonne table oblige, lorsque vous naviguez sur les mers de la gastronomie mondiale. Nous sommes portés à croire que tout passe par le congélateur ou le réfrigérateur. Mais pas toujours surtout lorsqu’il est question des fines herbes, de petits fruits et de quelques légumes. Des plantes m’ont épaté par ce qu’elles ont de secret, culinaire ou aromatique. Voici quelques notes d’un jardin maritime.

Chrysanthemun coronarium



Appelé également chrysanthème à couronne ou Shungiku cette plante est cultivée au potager pour ses feuilles effilées et ses fleurs jaunes comestibles, mais aussi au jardin d’ornement, parce que c’est une intéressante annuelle florifère et idéale pour les bouquets. Ce chrysanthème est souvent présenté comme un légume exclusivement asiatique. Elle se cultive bien dans un endroit modérément ensoleillé et humide pour que ces jeunes feuilles comestibles demeurent tendres. Dans la cuisine asiatique, les fleurs s’utilisent fraîches ou séchées.


Begonia tuberhybrida

Hé oui! Ce bégonia tubéreux possède une partie florale tout à fait comestible. Sa fleur, en plus d’être croquante, est légèrement acidulée et s’incorpore très bien aux salades de fruits, de légumes, notamment de concombre. Le bégonia tubéreux peut atteindre une taille gigantesque dans des conditions optimales de culture. Son corme (bulbe compact) est sensible à la pourriture et au gel. Ainsi, conservé à l’intérieur et mis au repos hivernal, il réapparaîtra au printemps. Plante d’ombre et de soleil, il ne livre pas son plein potentiel dans un endroit exposé au vent.


Salvia dorisiana





Grande plante au feuillage duveteux, celle-ci est originaire du Honduras et fait partie de la famille des sauges. Tout à fait hors du commun, cette espèce mérite un essai en pot ou direct au jardin. Son feuillage aromatique libère un parfum à senteur de fruits exotiques. Cette sauge peut atteindre une hauteur de 100 à 130cm, portée d’une sommité florale rose-magenta. Ajouté au potage ou à un plat cuisiné, vous obtiendrez une touche à saveur tropicale inusitée.

Fuchsia magellanica



Ça, ce fut une surprise. Cette plante possède plusieurs qualités ornementales, dont des fleurs tubulaires, un feuillage d’un rouge sombre, un fruit décoratif et un port arbustif. La baie de fuchsia magellanica se consomme à pleine maturité, quand elle est noire. On la dit très peu acidulée. Ce fruit se marie très bien avec les petites fraises des bois, quelles soient blanches (oui, il y en a des blanches chez l’aubergiste) ou rouges.





Un grand merci à Biron, maître jardinier de l’endroit. Et pour ceux qui le désirent, une visite guidée des lieux est toujours possible en saison. Bon voyage et bon appétit!

Normand Hébert
http://louisjardin13.blogspot.com/

12.9.11

septembre 2011


Des légumes en profondeur

Des légumes d’autrefois sont de retour ? Pas si sûr, sinon qu’il est rassurant d’en reparler de temps en temps. Les légumes en profondeur, vous aurez deviné, ce sont ceux dont la partie comestible est souterraine. On les désigne sous l’appellation de  légumes racines. Ils se conservent mieux et peuvent être récoltés au fur et à mesure de vos besoins, si vous en faites la culture évidemment. Pour les autres, on dira souvent qu’ils sont des légumes-fruits (la tomate) et des légumes-feuilles (la laitue).
Pour la plupart des gens nés au Canada ou qu’ils y ont grandis, cette distinction était plutôt rare. Il y avait deux camps : les fruits d’un bord et les légumes de l’autre. À table !

Le rutabaga

Le rutabaga a ses propriétés, et son histoire nous rappelle qu’il fut associé à la Seconde Guerre mondiale. C’est donc dire que pour les gens de mémoire éloignée, particulièrement en France, celui-ci est souvent relié à des souvenirs douloureux et au rationnement alimentaire.
De ce côté-ci de l’Atlantique, ce légume racine fait partie du terroir québécois et canadien. On le cultive abondamment en province, dans la vallée du Fraser. Son coût est minime si on le compare à celui du poivron, de l’artichaut et de l’asperge. En quoi le rutabaga est-il bénéfique ? En minéraux, dont le potassium, le soufre et le calcium. Mettez-le dans votre prochain pot au feu, sinon, dans le suivant, car il est un parmi les plus tenaces du tiroir à légumes.

Topinambour


Avant tout un tubercule simple de culture et généreux de sa nature, le topinambour est voisin du tournesol. Il appartient au même genre (Helianthus) et il produit des tubercules nourrissants à saveur d’artichaut et dont la substance première est l’inuline. Au contraire, la pomme de terre est riche en amidon. Je vous parle du topinambour en raison de sa double vocation. C’est une plante ancestrale que les Hurons de l’Est cultivaient aux côtés des haricots, du maïs, de la courge et du tournesol, le tout servant de base à leur alimentation. En plus de le retrouver à l’état sauvage, ce dernier atteint une hauteur de 2m et présente, l’automne venu, des fleurs semblables à celles de la rudbeckie.

Le crosne du Japon

Chose étonnante, le crosne du Japon appartient à la même famille que la menthe, la sarriette et la mélisse. Il est à la fois décoratif et culinaire en raison de ses rhizomes tubéreux comestibles. Venu de Chine ou du Japon, ce légume racine que les Anglais
surnomment « Knotroot » a été introduit en France à la fin du XIX siècle et cultivé dans le village de Crosne. À partir du XX siècle il fut déclassé et peu à peu oublié.
C’est donc dans un commerce de fruit et légume qu’on peut parvenir à dénicher ces tubercules inusités. Ainsi, vous découvrirez un nouveau légume et s’il ne vous convient pas, son aspect ornemental pourra vous séduire. Cependant, j’avoue, lorsque l’on parle d’esthétique, certains légumes (ex : poivrons multicolores, multiformes) arrivent à charmer l’œil beaucoup plus que d’autres.




Et c’est en compagnie de Colette que je vous entraine dans ce nouveau mois, un peu automnal.
« Sage, jardin, sage ! N’oublie pas que tu vas me nourrir… Je te veux paré, mais de grâces potagères. » *

*Colette, dans : « Prisons et paradis », chez Fayard

Normand Hébert

26.6.11

Juilletaoût2011

Éloge aux lecteurs et lectrices

Au sujet du jardinage, j'ai parfois l'impression que tout a été dit. Enfin, je vais quand même, à nouveau, me retrousser les manches. Mais avant, je dois admettre que la démesure peut très bien exister sur la planète jardin. L'information se répète et se diffuse à une fréquence et une célérité inégalées. Avez-vous entendu parler du Guide pratique du jardinage, du Guide illustré du jardinage au Canada, ou encore Les 1500 trucs du jardinier paresseux ? En plus, il existe le jardinage écologique de l'un, le potager écologique de l'autre. Ensuite, les nombreux écrits que l'on retrouve dans des revues généralistes ou spécialisées, les catalogues, les articles de journaux, les émissions de radio et de télé et j'en passe. On y traite de tout, de sol, de terreau, d'engrais, de semences, d'amendement, de fertilisation, de maladies, d'insectes, des oiseaux, des plantes mauvaises herbes, de fongicide, d'herbicide, d'ombre, de soleil, d'eau, d'outils, de bassin aquatique, d'arrosoir et de végétal. Quelle industrie !

Enfin, quand il me vient à l'idée de m’asseoir pour admirer les gens autour, dans la Garden City, le jardinage me fait un peu penser à une activité humaine à intensité variable ou même à une partie de cartes en solitaire ou entre amis. Je ne sais pas trop, mais il y a quelque chose de sportif dans le jardinage. C’est la stratégie de la routine et de l’observation. L'effort et le résultat se chevauchent dans nos têtes, mais au final, on finit par se dire que s'occuper est ce qui compte le plus. À défaut d'être parvenu à maintenir le cap sur la réussite de son jardin fleuri ou de légumes, l’on sait pertinemment qu’une visite chez le fleuriste du coin ou chez le marchand de fruits et légumes, saura tout réparer. Suffit de passer à la caisse.

Des roses aux étoiles

Voici venu le temps des roses et des parfums. Comme petite séduction prise deux, je vous conseille de vous rendre dans les jardins de la Maison du Gouvernement vous imprégner des odeurs et du silence. Lieu grouillant de touristes, visiter les spectaculaires et vigoureux rosiers autour de l'Assemblée législative de la province, y voir les nouveaux rosiers 2011. Que de pétales de roses !
Ensuite…

La mosaïculture
Et pour ceux et celles qui désirent en remettre, dirigez-vous vers l'hôtel Empress admirer ses magnifiques plates-bandes et sa toute nouvelle acquisition située à l'intersection Nord/Ouest. On a mis à l'honneur la mosaïculture en nous représentant un mammifère marin formé à partir des plantes suivantes : la santoline grise, l'alternanthera rouge, les coléus jaunes, les irésines, les bégonias cuivrés et les troènes dorés. Désolé de ne pouvoir vous offrir en photo cette magnifique structure végétale grand format. Elle en vaut le détour, car ensuite, chemin faisant, vous aurez une heureuse surprise, le bronze d'Emily Car et son singe Woo. Un haut lieu fleuri et animé de Victoria en présence, à droite, de la Reine Mère triomphante. Elle aimait voir jardiner.

Normand Hébert

5.6.11

Juin 2011

Deux anciennes
À part les deux énormes tilleuls et la spirée Van Houtte qui ornent la résidence familiale, il y a, côté sud, des Hortensias, deux bons vieux cœurs- saignants des jardins et deux pivoines herbacées. C’est pas beaucoup, mais à une certaine époque, ainsi se résumait l’arrangement floral de la façade des maisons. On y mettait beaucoup d’emphase sur le potager, lequel répondait aux besoins alimentaires de la famille.
Le cœur- saignant


Si la maison de votre enfance existe encore, allez voir, car il y a de fortes chances qu’il y soit. Il risque d’être exactement là où il fut planté il y a plusieurs décennies. Le cœur-saignant à fleurs roses était plus populaire que celui à fleurs blanches, car ce dernier était simplement moins vigoureux. Le traditionnel cœur-saignant rose ou en latin le Dicentra spectabilis est de rusticité 2 ce qui en fait une vivace recommandée partout sur le territoire canadien. Son utilisation est multiple, dans un massif, en isolé, dans les sous-bois et dans les endroits humides. En somme, c’est une plante passe-partout. Le seul reproche que nous lui reconnaissons c’est son feuillage jaunissant sitôt la floraison terminée. Pour cette raison, vaut mieux l’entourer de plantes qui prendront la relève une fois celle-ci jaunie. Cette plante ancienne se multiplie aisément par simple division au printemps après la floraison.
La pivoine


D’entrée de jeu, il existe deux types de pivoine. La première est herbacée et la seconde est ligneuse. La pivoine herbacée est la plus commune. C’est celle que l’on surnomme la vivace du terroir et qui fait compétition au rosier. La pivoine, c’est une abondance de fleurs parfumées d’une bonne durée de production. Originaire de l’ouest de la Chine, la pivoine est la reine des fleurs dans ce pays. Et pour cause. L’éclosion du bouton floral de la pivoine dure environ seize jours. Si vous possédez des roses des rouges et des blanches, vous obtiendrez des bouquets remarquables. Et pour les fourmis, c’est le seul reproche que l’on puisse lui faire. La pivoine de nos grands-parents possède un beau feuillage luisant devenant rougeâtre à L'automne. Si vous comptez la déplacer ou la diviser, faites-le en août ou tôt au printemps et assurez-vous que les bourgeons (yeux) soient à 4 cm sous le sol, pas plus. Sinon, elle mettra des années à refleurir. Enfin, pour ce qui est de la pivoine ligneuse, on la désigne ainsi parce qu’elle est arbustive, elle ne fait pas partie du patrimoine végétal d’ici. Elle nous vient d’Asie (Chine) et c’est elle, à mon avis, l’une des plantes les plus spectaculaires. Les fleurs sont d’un fort diamètre et de couleurs variées. La pivoine arbustive est zonée 5b et son pire ennemi est le poids de la neige. Il est conseillé de la planter dans un lieu ensoleillé et abrité.
Et l’hortensia? C’est également un arbuste très répandu dans nos aménagements paysagers. Pourquoi? L’hortensia ou hydrangée est un investissement sur tous les plans. Il survit à la sécheresse, est exempt de maladie et produit une abondance de fleurs, blanc crème, rose et bleu lorsqu’on lui ajoute du sulfate d’aluminium.
Bon été!

Normand Hébert
http://louisjardin13.blogspot.com/

10.5.11

Le roi du balcon mai 2011

La reine des balcons
C
e matin, je suivais, d’un pas lent et tranquille, une dame âgée qui trainait un petit panier grillagé dans lequel il se trouvait un six pak de géranium. Je me suis dit : voilà! Le printemps est arrivé chez Thrifty. C’est le temps des balcons pour certains/es d’entre nous et c’est souvent le seul espace qui nous est accessible pour s’adonner aux plaisirs du jardinage. Cependant, il n’y a pas que du plaisir. Je me souviens d’une petite histoire de discorde entre voisins au sujet du dégât que l’un causait au résident d’en dessous. La scène se passait à Toronto. L’un reprochait à l’autre qu’un surplus d’eau d’arrosage, parfois bleutée par un engrais soluble, le vent aidant, dégoulinait sur son balcon et son petit mobilier estival. Bon, c’est plutôt rare comme situation, mais les histoires de voisins ne datent pas d’hier. Tout ça, c’est moins pire que des cerfs qui gambadent allègrement et bouffent, au passage, vos toutes récentes plantations.
Sa culture
Originaire d’Afrique du Sud, le géranium est l'annuelle la plus connue et courue au monde, mais attention, son nom véritable est Pelargonium. Oui, Pelargonium. L'authentique Géranium botanique est une vivace à floraison tout à fait moins spectaculaire et idéal dans une rocaille. Les deux plantes sont issues de la même famille des Géraniacées, mais diffèrent sensiblement dans l’ensemble. Celui dont il est ici question, c’est le géranium commun, des fleuristes ou des balcons, zoné 9 à 10, et qui se retrouve tous les ans dans le commerce à ce temps-ci de l'année. Sa réputation est légendaire. Il la doit à son abondante floraison, la taille de ses fleurs et sa palette de couleurs. Qu’il soit retombant ou érigé, ce plant convient parfaitement au balcon ensoleillé à semi-ensoleillé. Il est recommandé de maintenir le géranium dans un contenant dans lequel il se sent à l’étroit. Cela veut dire : suffisamment de racines mais beaucoup de fleurs. Son substrat doit être léger et l’apport en engrais granulaire ou soluble, périodique, et élevé en phosphate et en potasse. Pour obtenir une floraison optimale, arroser le matin et éviter de fertiliser une motte totalement sèche. Un, arroser à l’eau claire et ensuite compléter avec une eau composée d’engrais. La raison est simple, les particules de phosphore et de potassium ont tendance à se souder au terreau et devenir inaccessibles aux racines lorsque le substrat est trop sec.
En votre absence
Le géranium se porte bien dans presque tous les types de contenant. Qu’il soit cultivé en jardinière (rectangulaire), en pot volumineux ou suspendu son rendement devrait être remarquable et remarqué. Si vous comptez vous absenter pour des vacances, pensez à rabattre vos plants d’un tiers incluant fleurs et boutons floraux. Au retour, vous aurez des chances de retrouver votre balcon, vos herbes et vos géraniums fleuris. Et pour un séjour prolongé, il vous faudra compter sur la pluie, l’ombrage ou une âme affable. Si vous désirez multiplier vos plants, prélever une bouture sur une tige vigoureuse en mi-saison (juillet) et non une bouture sur une tige devenue ligneuse ou frêle.
Et la reine est…
En mars dernier, je vous ai parlé de l’enlèvement des rosiers devant l’Assemblée législative de la province. En effet, quelque cinq cents nouveaux rosiers à racines nues sont apparus dans les onze plates-bandes existantes du bâtiment principal du gouvernement. C’est dire que les rosiers ont toujours la cote sur les parterres de nos institutions à Victoria.

Normand Hébert
horticulteur/pigiste
horticulturist/freelance
http://louisjardin13.blogspot.com/


Le Pyracantha épineux du boulevard Desaulniers

Bonjour Tim,
Le beau temps est de retour chez vous. Tant mieux! C'est si agréable de profiter des beaux et longs jours de mai et juin. Je suis toujours les conditions climatiques de Montréal à mon ordinateur. Un clic Victoria ou un clic Montréal. C'est simple comme bonjour. Au sujet de l'arbuste à petits fruits orangés tout près du rosier, c'est un Pyracantha coccinea, épineux comme tu sais. Il est abondamment présent sur la côte ouest canadienne mais absent dans le sud du Québec.
Il est préférable d'attendre à la fin août pour le tailler; à moins qu'il soit déjà devenu trop gros; ce que je doute; car je me souviens de l'avoir tailler l'automne passé. Cependant, il y a toujours le bois mort (le sommet) à enlever parfois brûlé par le froid. Ma soeur m'a demandé si j'allais la visiter en juin. Elle désire faire tailler sa haie qui déborde chez sa voisine. D'ici deux semaines, je saurai si je vais au Qc à la mi-juin ou plus tard.
Merci encore pour ton courriel car c'est toujours un plaisir d'y répondre.
J'ai semé des pois, de la laitue, des épinards et des mange-tout à la fin avril. Je me suis acheté du basilic, trois plants de tomate, du thym culinaire, du cylantro et un piment que je conserve à l'intérieur. Les nuits sont encore trop froides à ce temps-ci. Pour l'ail planté l'automne dernier, il est rendu à un bon douze pouces. À mon jardin communautaire où je vais pour me détendre , j'y cueille quelques feuilles d'épinard et de chicorée qui ont survécu à l'hiver sous la pluie.

18.4.11

l'Orient du 17 ou 18 avril 2011

Qu'est ce qu'on mange? Je me souviens, souvent d'avoir entendu: Du pâté chinois! Il n'y avait rien de chinois dans ce met. Le maïs, le beurre, la patate, le boeuf venaient des champs environnants. Aujourd'hui, c'est du mangetout et des pois sucrés cultivés dans les grands jardins de Chine qui nous arrivent d'Asie.
Pour ce faire, j'ai semé 7 graines de pois mangetout et 7 graines d'épinard aux pieds de ces derniers. Aujourd'hui, je sèmerai des pois. Mon filet aidant, je récolterai des mangetout et des pois venant d'ici. Les 1260 minutes de la pleine lune me conseillent de poursuivre ainsi ma plantation toute la saison durant. Oui, si c'était tout ce que j'avais à manger, sorte de jardinage lunaire pour les terre à terre. Somme tout, je compte me procurer un milliard de pois. Ensuite, ma récolte, si la nature le veut bien, sera de quelques milliards de mangetout. Oui, mange tout!
Justement, ma soeur revient de là-bas, la République populaire de Chine. Après les conteneurs, d'ailleurs,certains passent lentement ici au bout de ma rue, dans un grand chenail entre le Mile Zero et les monts Olympic, c'est du touriste qui nous arrivent d'Orient.
Bonjour Pékin!

2.4.11

À vos outils!

Des outils tous genres confondus
Du jardinage, il existe trois grands plaisirs inégalés pour ceux qui s’y adonnent. Il y a la semence ou la plante en devenir, il y a le sol à travailler et enfin l’outil. Oui, l’outil pour les adeptes du tout jardinage sans aucune énergie que la volonté musculaire. J’en ai même connu pour qui le jardinage était avant tout l’occasion de se lancer à l’assaut des centres de jardin spécialisés afin d’acquérir l’objet rêvé haut de gamme, qu’il soit arrosoir, qu’il soit cisaille. Au début, l’activité du jardinage m’est apparue à travers de simples gestes exécutés par des individus modestement fortunés. Ce n’est que beaucoup plus tard, aux portes de l’adolescence que l’objet et le geste répété se sont installés dans mon univers mental.
Faire corps avec l’outil
De poids et de mesures variés, ces instruments, par centaines, sont classés selon la fonction à accomplir. De bois et de fer, il en va ainsi pour presque l’ensemble des outils à main du jardinier : bêche ou pelle, cisaille, sécateur, râteau, scie, houe, arrosoir à pomme ovale. Ensuite, il y a l’outil en fonction des saisons, le printemps pour la préparation du sol, en été pour l’entretien et l’arrosage, à l’automne pour la récolte et le nettoyage et enfin l’hiver et l’équipement nécessaire à l’entretien de l’outillage du jardin. C’est pendant mes études et lors de foires horticoles que je suis entré dans l’univers presque sacré de ces objets construits avant tout pour servir à son mieux, le corps humain. Un jour, j’ai réalisé l’importance accordée au fait que certains outils sont fabriqués pour gaucher et d’autres pour droitier ou même ambidextre. L’outil à main de jardin, en plus d’être silencieux, de qualité et bien entretenu, épargne efforts inutiles et douleurs corporelles. Une pelle en acier trempé, renforcer au bon endroit et aminci à la tranche pour une coupe assurée vous offrira toute l’aisance du mouvement auquel votre corps peut s’attendre. Au contraire et moins solides, les outils emboutis sont obtenus à partir d’une simple feuille d’acier et formés dans une presse. Un tel instrument n’offre que la forme et une fonction réduite à son minimum. Aller chercher la juste dose d’énergie corporelle à partir de la force musculaire, voilà comment les outils manuels deviendront vos meilleurs compagnons, les complices du jardinier amateur ou professionnel. La moitié du plaisir du jardinage est l’observation. L’autre, le travail lui-même que nous accomplissons.
Des marques
La majorité des très bons outils de jardin sont fabriqués à partir d’alliages robustes, comme le sécateur Sandwick pourvu de poignées légères en graphite, un outil à main pratique de qualité qui s’est inspiré de son concurrent Felco. Le bois fait toujours partie de la composition de plusieurs outils et sa popularité tient à la fois de ses qualités particulières et du respect qu’on lui porte. L‘outil de jardin sert soit la propagation et à l’entretien des végétaux soit à l’enlèvement de ceux-ci. Dans l’est du pays, du moins au Québec, Felco, Garant, Sandwick, Fiskars sont des marques reconnues pour qui veut s’offrir une qualité supérieure. Ici, en plus, sur la côte ouest, l’on retrouve des marques offrant des outils exemplaires et résistants .Ils doivent être durables et attrayants et c’est ce que j’ai obtenu avec des produits de marque Corona et Kenyon. Ensuite, il y a le vestimentaire à ne pas négliger, l’arrosoir ergonomique telle la série anglaise du fabricant Haws, à considérer et la souplesse des boyaux de trois à cinq plis (couches d’épaisseur) pour éviter les désagréables entortillements. Voilà!

Normand Hébert
Article paru dans l'Express du Pacifique de Vancouver, 25 mars 2011

Photos: Juliette Hébert

1.4.11

Bienvenue au pays des bulbes

Des jonquilles aux paniers bio
Jaune comme dans jonquille ou jonquille comme dans soleil, il faut bien le reconnaître, avec le soleil tout devient possible au pays des bulbes. Je me suis retrouvé tout autrement, en cette journée rurale de mars, sur cette route étroite, et autour, des nuages qui venaient de partout. Au loin, l’autoroute 17, grouillante de véhicules de tous genres et enfoncée dans l’horizon, au bout, un champ au repos. Je me suis vite senti enveloppé d’or et de vert comme si ces couleurs emblématiques empruntées aux légendes du temps allaient m’introduire dans un conte familial.
Fêtes et financement
Oui, un conte, et c’est bien à partir d’une simple transaction entre deux voisins, quelques sacs à l’essai, il y a de ça plus de cent ans, que depuis des bulbes de jonquille sont cultivés à grande échelle dans cette île de Vancouver. Cette année, encore des millions sortiront de terre pour être récoltés par des mains de travailleurs migrants ou sédentarisés. Des gestes exécutés par des mains agiles d’ouvriers agricoles au dos incliné et persistant lesquels arrivent à satisfaire à la demande grandissante pour cette fleur coupée printanière. Un couteau bien affuté, de petits élastiques, un code barre au coup et c’est parti. Posséder du désir de gagner, de paquet en paquet tant qu’il fera beau et qu’il en aura. Des millions de bulbes de jonquilles sont bon an mal an, dès les premiers froids mis en terre et en mars récoltés afin de répondre au besoin des clients. Il en existe un en particulier dont le défi, de nos jours, est de taille. De quelques centaines livrées au début des années cinquante, la Société canadienne du cancer de Toronto en a fait sa marque de commerce et fait en sorte de propulser l’entreprise familiale de Saanich, au rang de premier producteur de jonquille au Canada. Un rappel annuel à tous les Canadiens et Canadiennes que la jonquille est devenue synonyme de détermination afin d’enrayer cette maladie. Vainqueur et d’espoir, nous serons. Des 18 millions, autour de dix millions de ces fleurs coupées, emballées, réfrigérées seront finalement distribués, sur le point d’éclore entre vos mains, un peu partout au pays, pour cette occasion.
Fête des mères, Pâques ou campagne de financement les tulipes, les jonquilles ou narcisses sont des éléments recherchés malgré le côté éphémère de leur nature. Qu’une entreprise de type familiale ait réussie à conquérir un tel marché après cinq générations, il faut reconnaître le flair et la ténacité de ses dirigeants. Lentement, cette réussite a débuté que très modestement à l’époque des défricheurs. Contrairement, aujourd’hui, des fortunes sont érigées en moins d’une génération dans des domaines volatiles comme la bourse, l’électronique voire de l’immobilier.
Fleurir et nourrir
En agriculture ou en horticulture, des choix s’imposent et il faut prendre des risques et souvent avoir à jongler avec les lois de la nature et celles du marché. Une entreprise doit se diversifier et c’est bien ce à quoi la direction de la maison Vantreights est en train de réaliser. Le discours prend forme et se traduit par une pratique agricole qui répond aux enjeux environnementaux actuels. À ses tous débuts, précédent les jonquilles, le premier de la dynastie Vantreights venue d’Irlande s’était lancé dans la culture des petits fruits sauvages dans le secteur qui aujourd’hui porte de nom de Gorden Head situé près de l’Université de Victoria. Je vous l’accorde, le temps des pionniers est bien révolu. Mais en ce XXIe siècle, une tendance forte se dessine autour de l’agriculture biologique, le panier bio et des aliments de proximité. C’est le sillon dans lequel l’entreprise semble avoir choisi de s’engager. À en croire l’ingénieur agricole responsable à la production, le contexte actuel est tout à fait favorable à la diversification et à l’introduction d’une telle pratique. Aujourd’hui, le producteur de jonquille tente d’assurer sa viabilité et son avenir et propose à sa municipalité une modification à la loi sur le territoire afin de permettre la réalisation d’un projet domiciliaire. Le débat entourant la question des terres agricoles et l’étalement urbain continue à animer, partout au Canada, de vives discussions.
Normand Hébert
Article paru dans l'Express du Pacifique de Vancouver, 25 mars 2011



Photo: Juliette Hébert

Le jardin de Sendaï

Le jardin de Sendaï
L’autre jour, je me suis mis à rêver d’un jardin à la fois zen à la fois japonais. À distance, je pouvais discerner des formes de vie que l’on reconnait que tout naturellement dans le paysage qui nous entoure. À l’intérieur, on y comptait deux imposantes pierres assises, l’une mâle, l’autre femelle et veinée de couleurs. Mais avant tout et tout autour, l’eau immobile présentait un monde d’éléments, un univers, le nôtre comme si ce que je voyais avait été déposé à mes pieds. Au-delà des pierres, un pont en forme d’arc-en-ciel, mais construit de bois et sur lequel étaient penchés deux visiteurs admiratifs. Dans l’eau transparente, de lourdes carpes rouges ou grises mangeaient ce que le fond voulait bien leur offrir de particules de toutes sortes. Un tableau tiré du réel, complet et réussi où m’apparaissait un vallon, devant, une bande de verdure ornée de végétaux aux motifs printaniers. Bienvenue au jardin de Sendaï.
Un amélanchier blanc de fleurs accompagnait un pin recourbé, battu par le vent. Ensuite, un érable du Japon sur le point de donner des feuilles tandis que sur le versant sud, des cerisiers décoratifs déployant des fleurs tout entières et défiant les forces naturelles parfois si brutales à l’homme et à la vie. Je voyais, bien ancré par une forte tige au lit de l’étang, des fleurs de bouddha, des lotus en devenir. Pour continuer ma visite, des nymphéas, des iris, des pivoines arbustives, véritable atomiseur à parfum, tous en présence de bambou servant de clôture végétale. Tout de ce paysage montait sur scène comme un spectacle sur le point de commencer. Bien plus, un jardin sec composait la cour intérieure du pavillon. Une mer de gravier dans laquelle se reposaient des îlots de pierres en forme de tortue et non loin, un banc disponible à tous. Sur ces pierres, des mousses statiques et intemporelles pour l’esprit surchargé de beauté. Pour la cérémonie du thé, une lanterne témoignait du nécessaire temps d’arrêt. Le jardin de Sendaï affichait un silence de grue, où des mains habiles et vigoureuses avaient su donner à la matière, une âme singulière. Que dire de plus de ce jardin semi-nordique sinon qu’il semblait appartenir au simple regard des passants.

Mais un jour de mars, le ciel a basculé. Le jardin de Sendaï a été frappé par l’air salin venu du large et de la puissance des grands fonds. Au même jour de printemps, les oiseaux se sont tus et ce paisible jardin de symboles a soudainement senti toutes ses formes s’entremêler pour se dissoudre dans une mer épaissie et lourde d’objets de toutes sortes. De séisme en raz de marée; aux survivants de Sendaï, de sa préfecture dévastée, dont la maison et le jardin leur servaient de refuge dans des temps plus sereins, des souvenirs heureux, j’ose espérer, viendront germer et renaître au fond de leur imaginaire. Au pays nippon, c’est dans l’art inébranlable du jardin à image que chacun puise toute son intensité et beaucoup de patience après tous ces tremblements venus de nulle part.
Normand Hébert
http://louisjardin13.blogspot.com/
Photo : Le pont plat, Jardin Van Dusen, Vancouver.

10.3.11

mars2011 (Des roses et des ronces)

Des roses et des ronces
Dans le vieux jardin de la résidence cossue de la rue Kings, on retrouve des plates-bandes ceinturées de grosses pierres vêtues de mousses et deux rosiers vieillissants. Non loin, des ronces tentent à leur manière agressive, de dévorer l’espace et pour en retour, à l’automne, rendre ses petits fruits. Roses ou ronces, ils sont tous deux de la famille des rosacées et pointus. Sous notre climat maritime, le monde végétal a cette manie de vouloir, au fil du temps, tout recouvrir. Heureux mariage, d’algue et de champignon, la mousse verte est si agréable en regard de ces voisins épineux et enchevêtrés. Voilà pour cette petite matière verte, venue en toute spontanéité s’infiltrer au cœur de notre environnement. Mais pour les rosiers et les ronces, je vous préviens et vous dis : en garde!
Deux grimpants
Je disais donc m’être retrouvé quelque part dans le voisinage du haut Fernwood devant deux rosiers grimpants. Il se trouve qu’on les avait plantés à l’intérieur d’une sorte de cage en bois, de bon goût et durable, servant d’appui à leur croissance, et tout en nous protégeant contre ses longues tiges. À y réfléchir, c’était bien penser, considérant qu’aujourd’hui, on achète des treillis préfabriqués moins robustes, tandis qu’à l’époque, on fabriquait du sur mesure. Je l’ignore, mais pour aucune raison au monde je ne laisserais un rosier à l’abandon. Il doit donner ou périr. Durant plusieurs mois, je me suis attardé à besogner dans ce jardin sans toutefois porter attention à leur présence. Il y a tant à faire. C’est sans doute la présence soudaine et incertaine du soleil en leur emplacement qui me fit, cette fois, accorder une attention particulière à ceux-ci.
Conditions de culture
Pour obtenir une production enviable, un rosier doit se retrouver dans un lieu abrité avec une bonne circulation d’air et un ensoleillement matinal de préférence. Ces derniers tolèrent mal la présence d’autres végétaux. Ils font bien avec une bonne dose de matière organique, un sol désherbé, bien drainé, et encore de l’eau. Enfin, les rosiers requièrent une taille annuelle et le plant doit compter tout au plus cinq tiges vigoureuses. Un rosier à multiples tiges frêles est peu florifère et ennuyant à regarder. Retenez ceci, votre rosier doit produire des fleurs parfumées, vous offrir la possibilité de récolter un bouquet durable, lesquelles conserveront une couleur vive. Pour cette raison, vaut mieux bien se renseigner avant d’entreprendre la plantation de rosier, ou d’une roseraie pour les passionnés. J’ai déjà eu des rosiers, en nombre limité, mais je me souviens de ceux-ci comme généreux de leur nature.
Tendance
De nos jours, je crois que les rosiers sont moins en vogue. Ceci étant pour des considérations environnementales. D’un, ils requièrent des soins supérieurs à la moyenne des plantes, surtout si vous avez affaire à des hybrides de thé. De deux, ils passent pour des plantes peu écologiques par les temps qui courent et les produits d’entretien sont onéreux. Devant l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique, j’ai remarqué que des plates-bandes entières ont été dépouillées de leurs plants de rosier. Plus rien! Pourquoi? Je pense qu’ils avaient fait leur temps. Je suis sans raison officielle pour l'instant, mais je devrais être en mesure de vous en reparler le mois prochain. Le temps est au changement, et drôle de coïncidence le personnel politique de la province est également en mode renouveau. Assurément, la réponse viendra.
Normand Hébert

1. La rose ‘’Constance Spry’’
2. Cynorhodon, fruit du Rosier l’églantier

25.2.11

Tour de la ville-jardin (Express du Pacifique 092009)

Tour de la ville-jardin
Écrit par: Normand Hébert | Catégorie Découverte | Publié le 14 septembre 2009 | Réagissez

À Victoria, maintenant que l’été nous a offert son abondante verdure et ses jours de canicule, l’automne, à son tour, se révèle un temps tout indiqué pour se mettre à la recherche de jardins insolites, en transition, et à la récolte des couleurs. Je vais vous parler d’espaces verts dans la capitale provinciale comme un passant dans son voisinage.
Avant d’être une ville de matelots et aussi loin que je puisse me souvenir, Victoria est demeurée synonyme de jardins. Il y en a de célèbres, dont le jardin du Parc Beacon Hill, le jardin Abkhazi, à la fabuleuse histoire, la Maison du Lieutenant-Gouverneur de la province située avenue Rockland et, pour ceux qui désirent s’éloigner du centre de Victoria, les jardins Hatley et Glendale – ce dernier étant aussi connu sous le nom de Centre d’horticulture du Pacifique et remarquable pour sa diversité et son intérêt pour les plantes économiques* ou maraîchères. De magnifiques jardins, dignes de mention. Je vous les recommande car ils renferment des trésors visuels insoupçonnés.
Au-delà de ces joyaux horticoles, j’ai découvert que non loin d’ici, il y a les parterres de l’hôtel Empress et, de l’autre côté de la rue Belleville, un jardin d’eau et de plantes indigènes, paisible et discret adossé aux pieds du BC Museum. Il faudrait également mentionner le jardin de la cour intérieure de l’Académie Sainte-Anne, tout proche. Là, des efforts louables ont été faits et le sont encore pour tenter de restaurer un jardin d’autrefois de fines herbes, celui que, jadis, les religieuses cultivaient pour répondre aux besoins alimentaires de la communauté et de ses pensionnaires. Si vous recherchez un endroit calme entre la mer et le centre-ville, c’est tout indiqué. Ces différents lieux, je vous l’accorde, n’ont rien des jardins du peuple (connus à une certaine époque sous le nom de jardins ouvriers).
En somme, il y a ici beaucoup, et beaucoup plus reste à découvrir. Des jardins, des potagers, publics et semi-publics, on les découvre dans des endroits en retrait. Ce sont ceux qui m’intéressent le plus, des jardins progressifs, des jardins en devenir.
Si vous êtes toujours dans le même coin je vous conseille donc de vous rendre au jardin communautaire et collectif Michigan, attenant à un énorme stationnement à l’arrière de l’édifice du Parlement de la Colombie-Britannique. C’est un jardin potager cru et fleuri, fréquenté par les clochards habitués du lieu et parfois des touristes de passage, deux mondes qui se croisent rarement. D’ailleurs, ce jardin sert, partiellement, à approvisionner en fruits et légumes la banque alimentaire du quartier James Bay.
Ensuite, il y a celui qui se trouve le long de la rue Montréal, un second jardin communautaire, véritable pionnier, un jardin potager qui a du caractère situé derrière la James Bay Athletic Association. Il n’y fait pas très chaud pour les aubergines et les tomates, mais l’ensoleillement est tout de même généreux. Un massif fleuri sert de rempart à de multiples jardinets où abondent petits fruits et plantes légumières en marche vers une récolte espérée.
De l’ail en ville
La semaine dernière, je suis passé revoir une plantation orientée plein sud, en façade d’un cottage à vendre. Calcul rapide, ça totalisait environ 1 800 têtes et fleurs d’ail à récolter. Ce qui était petit et vert, en rangs ordonnés, il y a deux mois, atteignait maintenant 20 cm de haut. Une pleine façade de gousses d’ail en route pour devenir des bulbes d’ail entiers. Vous me direz que c’est de l’agriculture urbaine à son extrême, c’est tout de même une tendance notable. Le jardin d’ornement est composé de plus en plus de plantes potagères, à défaut d’être un potager traditionnel.
À une époque peu lointaine, l’application de produits toxiques sur la pelouse ou ailleurs était monnaie courante. Voilà, aujourd’hui, on en est rendu à cultiver de l’ail, antibiotique aux vertus illimitées. Le tout à quelques mètres de votre cuisine ! J’en conviens, c’est le jardin de type monoculture le plus exotique rencontré dans notre Garden City. À visiter discrètement autour de Fairfield et St-Charles car la maison a été vendue – avec ou sans l’ail, je ne peux vous le dire. Peut-être qu’un jour nous n’aurons plus à importer l’ail de Chine, premier producteur et exportateur mondial. Ah ! L’ail et les roses! Je pourrais vous en parler longtemps…
Voilà pour ce rapide tour de la ville-jardin. Je vous souhaite une bonne rentrée teintée d’automne !
Normand Hébert
Victoria
Publié dans l'Express du Pacifique du 14 septembre 2009

La gastronomie vue de Victoria, (Express du Pacifique 01 2011)

L’image, le message et la gastronomie
Par où débuter une chose pareille? La gastronomie ou dit différemment le culinaire. Un terme dont la racine grec peut se résumer à l’art, et beaucoup de bonne chère. Il m’est arrivé que peu d’occasion d’aborder ce sujet passionnant. D’ailleurs, le mot lui-même est quelque peu difficile à prononcer lorsqu’on pense au mot gastro et à ses maux. Ça me hante l’esprit. On ne peu arriver à parler de gastronomie sans devoir parler longuement soit d’agriculture soit d’horticulture et finalement aboutir au potager et par extension à la cuisine. Mais enfin, le sujet est trop vaste, je vais devoir vite me positionner m’imposer la discipline. Essayons de bien manger deux fois par jour et faisons du troisième, au menu le jeûne.

Gastronomie, certains n'y voient que du plaisir et bonnement des protéines à ingurgiter pour ensuite mieux les éliminer. Une sorte de vie sportive, une fournaise humaine qui fait qu’on mange pour ensuite brûler le tout. Tandis que d'autres animés par de lucratifs désirs y voient à travers le client, l'esthétique alimentaire, l’œil admiratif et satisfait de celui au ventre repu. Après tout, c’est l’appât et ensuite l’appât du gain. Plus direct, je dirais mieux, je crois que nombreux sont les gourous de la restauration rapide de la bouffe tout à fait obsédés à l'idée de se faire un nom, une étiquette web et ensuite y récolter une soupière du fric. Depuis que j’habite Victoria, il m’arrive de passer du temps au resto. Ce n’est pas par désir d’offrir un pourboire amical ou de payer la toute dernière taxe harmonisée à la princesse et riche province que je fréquente ces lieux publics. Je me pointe au resto pour jaser avec un ami ou lorsque je suis seul, alors c’est par besoin de me sentir entouré. C’est comme ça la petite gastronomie. On ne regarde pas toujours ce qu’il y a dans notre assiette. C’est simple, tu as faim, tu manges. Depuis ma venue dans l’île de Vancouver, cinq ans sonnés, j’avais cette fois l’honneur et la joie de réveillonner à la maison. Oui, à domicile, c’est pour un joli nombre de mes concitoyens l’unique et meilleur endroit ou s’offrir un petit festin gastronomique à prix alléchant. Tout était en place pour la dinde nuptiale et biologique que nous avions commandée. Cependant, pour des raisons tout à fait humaines, le plan de match du Réveillon s’est déroulé autrement. À ce dérapage de dernier instant, nous avons choisi et solidairement de nous offrir un repas du temps des Fêtes à l’hôtel Empress. Hé oui! Le monument, rien de moins. Quelle expérience gastronomique! Un service, qu’un seul chacun, pour les trois adultes que nous étions, sans alcool. Oh! chocolat! Pour Juju, adolescente, ce n’était pas suffisant et s’est ajouté un dessert, digne de la salle à dîner le Bengale de style coloniale. Quel service! De partout il venait. Poliment et ensuite je dirais simplement de circonstance. La nourriture était à la hauteur de l’institution, (oui, l’Empress est une institution tout comme le Parlement sied à deux pas de là) assiette irrégulière, portion juste, présentation réussie, et en toute sobriété. Le saumon venait des eaux froides du pacifique tandis que pour l’agneau, d’une tendreté je l’admets, je soupçonne qu’il provenait de quelque part dans l’Île. D’accord, j’aurais pu m’offrir beaucoup plus. Un, j’étais invité et deux, considéré qu’un rhume imposteur m’enlevait tous plaisirs de la table. Somme tout, l’expérience gastronomique était au rendez-vous. L’addition? Ça, c’est très personnel mais chacun a eu droit à sa part de gâteau. À fréquenter un tel lieu, certains m’envierons. D’autres me désavouerons.
C’est comme lorsque je vais à l’occasion au petit resto des cols bleus municipaux situé de biais avec le célèbre pont bleu. C’est pas tout à fait la même clientèle mais l’on mange un solide déjeuner pour un peu plus qu’un rien. Après tout, la gastronomie lorsque l’on a un véritable creux c’est quoi au juste?

Voilà! De nos jours, on a tendance à tout foutre dans le même plat. Cuisine minceur, cuisine santé, sécurité alimentaire, haute cuisine, resto bio et j’en passe. Du temps que j’étais adolescent, dans la vallée ou j’ai grandi (pas Gandhi) deux briques servaient d’appui-livres. D’un côté la Bible, de l’autre La Cuisine Raisonnée. Deux piliers de l’existence : la foi et le foie. C’est vrai qu’on y allait généreusement dans le sucre et sel tout aussi blanc l’un que l’autre. Cependant ma famille a toujours visé la pratique d’une saine nutrition. Juste en un clin d’œil souligner que l’agriculture, l’alimentation et la gastronomie se chevauchent au-delà de mon enfance, jusque dans la nuit des temps.
Aujourd’hui, je continue à célébrer la gastronomie, je m’adonne au jardinage et retient que la fraîcheur est l’ingrédient premier pour couronner un plat de succès. Pour le reste, je tente de m’en tenir à un déjeuner de roi, un dîner princier et un souper de mendiant. Pas facile de demeurer debout, en équilibre dans un monde azimuté d’images et de messages.
Bon appétit!
Normand Hébert
Victoria
• Publié dans l’Express du Pacifique, 14 janvier 2011, sous le titre : La gastronomie vue de Victoria

23.2.11

Édition février 2011 (Fête des semences, Victoria)

La Fête de samedi 19…
Combien sommes-nous choyés ici à Victoria! Le sol, toujours prêt à accueillir une abondance de semences, de boutures de toutes sortes et de plants. Bienvenue dans le monde fascinant de l’hybridation (terme pour désigner une nouvelle lignée de plantes aux caractéristiques spécifiques d’où le pourquoi du petit symbole f1 apparaissant sur les sachets de semences) et de la propagation. Deux termes synonymes de vente pour ceux habités par le gain.
Pour débuter, je désire vous souhaiter une année 2011 totalement à la hauteur de vos attentes autant dans le domaine du jardinage que dans les autres secteurs de l’activité humaine. Pour commencer l’année, côté jardin, janvier et février sont tout à fait un bon choix pour réfléchir, et après mure réflexion, mettre en route un ou des projets de jardinage. Un événement que je vous recommande pour vous mettre dans l’ambiance du printemps, c’est la Fête des Semences qui tiendra son 18e salon au Centre des Congrès de Victoria (Conference Centre) attenant à l’Empress rue Douglas. Cet événement est le véritable rassemblement horticole à se tenir dans l’Île de Vancouver. Pour cause, car le Home & Garden Show qui a l’habitude de se tenir au Save on Foods Memorial est avant tout un salon sur l’habitation, lieu de rendez-vous tout indiqué si vous désirez rénover votre salle de bain ou votre cuisine ou encore obtenir des renseignements pour votre prochain chauffe-eau, moins énergivore.
Pour revenir à nos moutons, les organisateurs (James Bay community market) ont pensé à tout ou presque pour cette Fête des Semences édition 2011 . Vous aurez le choix d’assister à des ateliers et à des présentations animés par quelques bons spécialistes (ou gourous) en jardinage de la côte ouest. On y parlera d’aménagement, de semence, de plantes comestibles, d’OGM, de nutrition, de réchauffement climatique et de la hausse constante du prix des fruits et légumes. L’an passé, on nous offrait en dégustation gratuite, de petites et délicieuses bouchées de fromage de chèvre. En plus, des exposants vous présenteront leurs produits ou leurs services, le tout accompagné de judicieux conseils. En somme, un show à ne pas manquer le 19 février prochain de 10 à 16 h, entrée 7,00 $. Une aubaine! Sinon, en dernier recours comme bénévole, c’est gratuit.
À mon jardin communautaire le (James Bay community Garden), dans son dernier envoi, on nous informe que tout renouvellement pour un jardinet doit être fait et payé avant le 31 décembre 2010. Du même coup, on nous apprend que la liste d’attente est longue, que 80 résidents du quartier sont en attente d’espace à jardin. Ce qui signifie en termes polis qu’il est malvenu de sous-utiliser un espace dans de telles circonstances. S’il est impossible pour vous de jardiner pour des raisons économiques ou d’espace (sans cours, sans toit végétal, balcon ombragé) à la Fête du 19 février, on pourra vous orienter vers des organismes qui favorisent la mise en commun d’espace et l’accès au plus grand nombre à un lieu pour cultiver ses légumes, ses fruits et ses herbes aromatiques. En tant que propriétaire d’une magnifique cour ensoleillée si tel est votre désir, vous pouvez communiquer avec l’organisme Life Cycles de Victoria et vous inscrire à une banque de résidents désireux de partager une activité commune de jardinage avec un/e citoyen/ne de la communauté. Je me souviens, à mon arrivée à Victoria, j’ai eu l’opportunité de cultiver un potager chez une personne âgée en faveur de telle initiative. Avec la crise alimentaire qui sévit, et le recours aux banques alimentaires érigées en tradition, il est tout à fait dans l’ordre des choses de vouloir renforcer la solidarité alimentaire et l’accès au sol, sorte d’agriculture urbaine. Pour en savoir davantage à ce sujet, je vous conseille de visiter ce site audacieux : www.cityfarmer.org basé à Vancouver. Pour les fervents/tes de lumière, en ces jours de grisaille de janvier, je vous souhaite bonne fête de la Chandeleur, 2 février.
Normand Hébert
http://louisjardin13.blogspot.com