Powered By Blogger

16.11.10

Mai 2009 (Une première)

Volume 30, numéro 4
Mai 2009

Chronique horticole d’ici

Bonjour,
Tous les amateurs de jardinage, tous genres confondus, offrez-vous une nouvelle saison horticole à la hauteur de vos attentes. Pour les mois à venir, je vais vous entretenir d’un sujet qui me passionne et en passionne plusieurs sur la côte ouest et tout particulièrement la région de Victoria. Cette chronique, vous l’aurez deviné, traitera de jardinage, librement, au rythme des saisons. Il sera question de culture en pot, de potager, de jardin de fines herbes, de plantes culinaires, d’horticulture ornementale et des sens. En plus d’être heureux de traiter de jardinage, il me fait tout particulièrement plaisir d’écrire sur ce sujet en français.
Lorsque l’on parle de jardinage, il faut toujours avoir à l’esprit les trois SSS. Rien à voir avec un virus ou une bactérie ces trois lettres désignent : le Sol, la Semence et le Soleil.
Ces trois éléments sont le fondement sur lequel repose le jardinage loisir, la culture maraîchère ou l’agriculture en général. Ensuite, il y a l’observation et c’est ce qui est incontournable lorsque nous nous intéressons aux plantes. Le sol, en plus de servir de support à la plante, lui permettra de croître et de se rendre à maturité à condition que la luminosité soit conforme aux besoins de celle-ci.
Ensuite, il y les semences. Il est vrai que la plupart d’entre nous préférons acheter une plante déjà démarrée en pot ou à racine nue. Ça permet, je l’avoue, d’éviter bien des tracas ou sauter une étape. Cependant, démarrer un plant à partir d’une simple graine est beaucoup moins coûteux et vous offre la possibilité de choisir parmi une sélection beaucoup plus grande.
Enfin, tout ça pour vous dire que le jardinage et une activité à la fois complexe et tout à fait simple. Tout dépend où vous mettez la barre, car si vous choisissez de cultiver des légumes de chaleur sur la pointe de l’île de Vancouver le défi pourrait être de taille.
Pour conclure cette première chronique jardinage, j’aimerais bien vous entretenir d’un sujet qui se situe en aval du jardinage et c’est le compostage domestique. Pas pour cette fois, mais on y reviendra. Bienvenu dans le monde fascinant des jardins, lieu universel et virtuel à la fois de la détente et de l’effort.
Bon mois de mai!

Normand Hébert
louisjardin@hotmail.com

Juin 2009 (Ville aux multiples jardins)

Juin 2009


Du grands aux petits jardins

Le feuillaison et la floraison, toutes deux remarquables sont un rappel persistant qu’une poussée de croissance du monde végétal est à nos portes sinon à porter de vue. Soleil, soleil, entrons dans le vif du sujet car cette fois-ci, je vais vous entretenir de jardins comme un passant dans son voisinage.
Avant d’être matelot et aussi loin que je puisse me souvenir, la ville de Victoria est demeurée synonyme de jardin. Il y en a de célèbres dont le jardin du Parc Beacon Hill, le jardin Abkhazi,d’une fabuleuse histoire, la Maison du Lieutenant-Gouverneur de la province Avenue Rockland et Lotbinière et pour ceux qui désirent s’éloigner du centre de Victoria, il y a le jardin Hatley et le jardin Glendale (aussi connu sous le nom de Centre d’horticulture du pacifique) remarquable pour sa diversité et son intérêt pour les plantes économiques ou maraîchères. Je vous l’accorde, ces jardins sont magnifiques et dignes de mention. Je vous les recommande car ils renferment des trésors visuels insoupçonnés.
Au-delà de ces joyaux horticoles, j’ai découvert que non loin d’ici, il y a les parterres de l’hôtel Empress et de l’autre côté de la rue Belleville, un jardin d’eau et de plantes indigènes, paisible et discret adossé aux pieds du BC Museum. Tous ces lieux, je l’admets, n’ont rien de jardins du peuple ou mieux encore, connu à une certaine époque sous le nom de jardins ouvriers. Semblable et loin d’être loin, visiter le jardin de la cour intérieur de l’Académie Sainte-Anne. Là, des efforts louables ont été faits et le sont encore pour tentés de restaurer un jardin d’autrefois de fines herbes, celui que les religieuses jadis, cultivaient pour répondre aux besoins alimentaires de la communauté et de ses pensionnaires. Si vous recherchez un endroit calme entre la mer et le centre-ville, c’est tout indiqué.
En somme, il y a ici beaucoup et beaucoup plus reste à découvrir. Des jardins, des potagers, publics et semi-publics, on les découvre dans des endroits en retrait. Ce sont ceux qui m’intéressent le plus, des jardins progressifs, des jardins en devenir.
Si vous êtes toujours dans le même voisinage, je vous conseille de vous rendre au jardin communautaire et collectif Michigan, attenant à un énorme stationnement à l’arrière de l’édifice du Parlement de la Colombie-Britannique. C’est un jardin potager cru et fleuri; parfois, de clochards et de touristes, il fournit en partie la banque alimentaire de James Bay.
Ensuite, il y a celui qui se trouve le long de la rue Montréal, un second jardin communautaire, véritable pionnier, un jardin potager qui a du caractère situé derrière le
James Bay Athletic Association. C’est pas très chaud pour les aubergines et les tomates mais l’ensoleillement est généreux. Un massif fleuri sert de rempart à de multiples jardinets où abondent petits fruits et plantes légumières en marche vers une récolte espérée.
Le semaine dernière, à mon retour d’une réunion à la salle communautaire Saint-Jean Baptiste je suis passé revoir une plantation orientée franc sud, en façade d’un cottage à vendre. Calcul rapide, ça totalisait environ 1800 têtes et fleurs d’ail à récolter.
Ce qui était petit et vert, en rangs ordonnés atteignait maintenant vingt cm. Une pleine façade de gousses d’ail en route pour devenir des bulbes d’ail entiers. Vous me direz que c’est de l’agriculture urbaine à son extrême, c’est tout de même une tendance notable. Le jardin d’ornement est composé de plus en plus de plantes potagères à défaut de cultiver un potager traditionnel. A une époque peu lointaine, l’application de produits toxiques sur la pelouse ou ailleurs était monnaie courante. Voilà, aujourd’hui, on en est rendu à cultiver de l’ail; antibiotique aux caïeux puissants et aux vertus illimitées lesquels poussent à quelques mètres de votre cuisine. J’avoue, c’est le jardin de type monoculture le plus exotique rencontré ìn our Garden City. A visiter discrètement autour de Fairfield et St-Charles. La maison a été vendue avec ou sans l’ail. Je ne peux vous le dire mais elle a été vendue.
Peut-être qu’un jour nous n’aurons plus à importer l’ail de Chine, premier producteur et exportateur mondial accusée de dumping par l’Association des producteurs d’ail de l’Ontario. Voilà pour ce court tour de la ville jardin. Ah! l’ail et les roses! Je pourrais vous en parler longtemps.
Je vous souhaite bon et beau temps en plus du solstice de juin.

Normand Hébert
Horticulteur
louisjardin@hotmail.com

Juillet 2009, (l'eau...)

Juillet 2009


Beau et chaud…

J’y suis, un été de sécheresse. A mes premières années ici, j’ai vite remarqué que le jaune était la couleur dominante presqu’emblématique. De la sortie des jonquilles à celle des pissenlits et ensuite des espaces verts épuisés sous les rayons ardents du soleil, j’ai vu. C’est un jardinier à la retraite ayant travaillé quelques décennies à la Ville et qui m’a fait vite comprendre qu’ici, l’été, tout ce qui est vert ou presque, se fait jaune. Victoria vêtue de jaune et de bleu parfumé finira au vert à l’arrivée. Par bonheur, les pluies abondantes, l’automne venu, rétabliront l’équilibre précaire. Oh! Sécheresse! Les jardiniers/citoyens te redoutent.

Des multiples outils que le jardinier utilise au gré des longues journées estivales, l’arrosoir demeure celui qui symbolise le plus le jardinage. Oui, l’arrosoir est l’instrument mythique du jardinier et c’est pour cette raison que les Anglais et les Français se sont querellés à son sujet. Un dénommé John Haws, monsieur aubépine, vers la fin des années 1800 a réussi à unir l’allure de l’arrosoir français à l’équilibre du modèle anglais. Lorsque je parle d’eau, je parle d’arrosoir et lorsque je parle d’arrosoir je veux dire Haws, la marque mondialement reconnue. Incluant la pomme en cuivre, le modèle 7,5 l avec son goulot profilé, saura alléger votre carte débit. Je vous l’assure, c’est un investissement excitant et durable; supérieur à ce que l’on a vu à la bourse récemment. La représentation la plus remarquable que je puisse vous offrir d’un tel objet se retrouve géant dans le parc Beacon Hill, entouré de jeu d’eau. Un coup de maître qui porte à rêver que l’eau du puits jamais ne se tarira.

En 2009, l’eau demeure un défi de taille auprès de ceux qui désirent rendre luxuriant et abondant leur jardin d’agrément ou potager. Arrosoir, pelle-bêche et sécateur, ceux-ci sont les incontournables pour le jardinier amateur ou professionnel, dans son quotidien.
Il est vrai, nous pouvons faire autrement mais sans toutefois parvenir à éliminer totalement l’arrosage. Où je veux en venir avec mes propos d’arrosoir, c’est à la terre ou si vous préférez à son sol arable. Tout comme le soleil et la semence, le sol, nous lui devons tout et surtout l’élément essentiel de la vie, l’eau. Ensuite, c’est le karma humain, il n’y a plus d’eau donc plus de vie. C’est pour ça que récemment, sont apparues la Fondation One Drop et la production du film Home. Boire de l’eau embouteillée et de plastique, c’est tendance mais fâcheuse. On peut dire et faire mieux. Que ce soit en agriculture conventionnelle, en horticulture ornementale ou au jardin, l’eau, est devenue l’enjeu de notre humanité.
Poursuivons sur le thème sol/arrosoir et laissez-moi partager ce petit secret. Il existe une méthode pour mesurer la qualité de votre sol. C’est la méthode des petits boudins. Tentez de rouler dans votre main une poignée de terre représentative de votre jardin. Si vous obtenez un petit boudin bien formé et arrivez même à le plier légèrement sans le casser; votre terre est dite franche. C’est la meilleure qualité. Si vous réalisez un anneau avec votre boudin votre terre est trop argileuse, lourde. Les racines ne parviendront que difficilement à se développer. Enfin, si vous tentez de rouler un petit boudin mais il s’effrite, vous aurez deviné, votre sol est trop sablonneux. Si ces jeux d’enfant vous laissent perplexes, faites-en l’expérience. Alors, vous verrez. Vous en serez convaincu. Et si correction s’impose à votre sol, l’ajout de compost est l’unique et véritable solution. Recycler, composter, cultiver et vous obtenez le cercle parfait.
Maintenant, oui, comment faire pour économiser l’eau. Pour de multiples raisons, évitez d’arroser tous azimuts et en plein soleil. Vous me comprendrez. Optez pour la meilleure arme contre la sécheresse, faites usage d’un paillis. Le paillage est la voie tout indiquée, freine la pousse des adventices (mauvaises herbes), entretient les micro-organismes du sol et permet d’économiser quantité d’eau donc d’énergie. L’arrosoir, c’est peut-être épuisant. Je suis d’accord mais ça fortifie tout et vous. La seconde mesure qui favorise l’économie d’eau, c’est le binage. Cette pratique ancestrale permet de briser les micro-filets, véritables conduits d’évaporation du sol. D’où l’expression classique « Un binage vaut deux arrosages ». L’autre astuce, c’est le tuyau rond suintant ou plat perforé; connu sous le nom de technique d’irrigation à la goutte.
Enfin, je me souviens et pour terminer sur une note estivale et poétique de Jacques Prévert :
« Tout autour de l’île, il y a les oiseaux. Tout autour de l’île, il y a de l’eau ». Entre-temps dans notre île et ville fleurie, parfois il y a la sécheresse. Bon été!

Ouvrages consultés : Jardins ouvriers, l’art et la manière de Éric Prédine et Les outils de jardin de William Bryant Logan.

Normand Hébert
Chroniqueur/jardinier
Louisjardin@hotmail.com

septembre 2009 (Marchés publics)

Jardin du pacifique

Le marché public…

Quel été! Encore et encore! Hélas dans vingt et une nuits ce sera le retour des jours courts et l’éphémère plaisir de contempler l’empreinte des feuilles à la surface des trottoirs enduits d’automne. Que reste-t-il à faire septembre venu?
Je vous propose la visite de marchés publics et ce par ordre d’importance du moins de ce que j’en connais. Du jardinage aux étals du marché public, il n’y a qu’un pas à franchir et c’est un lieu tout désigné pour parler de plantes et de secrets. On m’a souvent parlé du marché public Moss, angle Fairfield et Moss. C’est pas toujours facile de les attraper ces marchés car tous, à l’exception de celui du Bastion Square, n’opèrent qu’une journée semaine et dont la durée n’est qu’environ quatre à cinq heures. Et lorsqu’il faut manger, on s’entend, il faut manger et faire ses provisions. Ce sont, si l’on peut les appeler ainsi, des marchés temporaires et saisonniers composés de petits commerçants, producteurs et artisans régionaux. J’y suis allé à deux reprises et j’avoue que Moss Market est le plus imposant de ceux visités incluant celui du célèbre Salt Spring Island’s Saturday Market.

Surprise, à ma seconde visite au marché public de la rue Moss, j’y ai trouvé une rue Moss fermée à la circulation. Une marée humaine, dans les deux directions, débordante, au-delà des trottoirs d’une rue peuplée de piétons, de poussettes et de marchettes. Moss Street Paint-in, véritable rassemblement, foule compact de Dallas Road jusqu’en haut vers Rockland. En comparaison, ce petit marché public Moss était bien disproportionné en raison de cette foule opaque aux clients potentiels. A en voir l’achalandage, j’ai compris que ces marchands de toutes sortes et fermiers producteurs, à la fois souriants et affairés, offraient le meilleur d’eux-mêmes. La dernière fois que je suis tombé dans le miel, c’était du bio de Maria, en Gaspésie. Cette fois, il provenait d’un producteur d’ici; et ce petit monsieur, au regard bleu et franc, m’a dit que son miel était le résultat d’abeilles ayant butinées fleurs de tilleul et mûrs sauvages autour d’Oak Bay et Fairfield. Plus las, un concurrent vendait moins cher le fruit de ses abeilles. A part une bonne variété de fruits, petits fruits et légumes, des producteurs l’ail nous livraient leur secret sur sa culture et ses propriétés. Enfin, plusieurs autres offraient généreusement leurs conseils et des produits de qualité.
Le second marché que je vous propose est le James Bay Community Market, assez près
du centre ville dont l’ambiance nous porte à partager une conversation avec ses commerçants et commerçantes. Tous les samedis, beau temps mauvais temps, quelques marchands de fruits et légumes de la région, certains bio d’autres pas, nous offrent des produits traditionnels, frais, en conserve ou même congelés lorsqu’il s’agit de volaille, poisson ou autres. Les marchés Moss et James Bay ont lieu simultanément et sont situés à environ trente minutes de marche l’un de l’autre.
Ici, les marchés prennent souvent l’allure de petites foires où se côtoient, fabricants de bijoux, produits de soins corporels et de textile. Nous ne retrouvons pas uniquement des produits maraîchers ou ceux de la ferme.
Comme troisième marché public, celui du Bastion Square est un concept légèrement différent, une collaboration entre chefs cuisiniers et différents producteurs des alentours. Après s’être approvisionnés auprès de fermiers/maraîchers, ceux-ci procèdent à la revente aux publics des produits dont un pourcentage des profits ira à des projets de soutien à l’agriculture régionale. Ainsi, vous aurez accès, sous un même toit au cœur de Victoria, à des produits frais, tous les jeudis et vendredis en saison.
Enfin, l’on assiste à l’émergence d’un rapprochement entre l’horticulture traditionnelle, l’agriculture et le jardinier urbain. Pendant que certains revendiquent le droit à l’élevage de poule en milieu urbain, de mini-marchés estivaux de fruits et légumes poussent ça et là, à différents endroits. Ils sont au nombre d’environ neuf, de celui du Square Centennial à celui de l’Université de Victoria, vous les retrouverez répertoriés en ligne à www.foodroots.ca A défaut d’avoir sont propre potager ou lorsque celui-ci ne suffit plus, vous aurez toujours le loisir de vous retrouver au marché public. Si c’est pour la santé, c’est...? Bonne marche et bon marché.


Normand Hébert
louisjardin@hotmail.com

15.11.10

octobre 2009 (l'ail tout court)

Au tour de l’automne…
Vous voyez depuis bientôt vingt-cinq ans, et pour certains, depuis des siècles, l’on porte une attention toute particulière aux fleurs, aux arbres, à la pelouse; en somme, à tout ce qui verdit notre belle planète, abeilles comprises. Et ce qui est tout à fait tendance de nos jours, c’est le légume ; et tout ce qu’il peut nous procurer de bien être et de paix intérieure. Je ne veux pas vous catéchiser; mais je remarque.
Lorsque j’étais plus petit, on avait un potager (on disait au Canada : jardin) dans lequel poussait que des choses à manger. Évidemment, ce n’est pas moi qui s’en occupait sinon que d’aller cueillir à la course, deux tomates, rouge de préférence. Durant des décennies, hélas! Le potager ne répondait plus à la norme. La piscine sous ou sur terre, les mobiliers de jardin et autres se sont imposés victorieux dans l’espace réservé à la cour. On avait tout et de partout à l’épicerie et à bon prix. Pourquoi cultiver et pourquoi se cultiver à manger? Aujourd’hui, c’est le retour du pendule et on tente de passer le message qu’il est peut-être préférable et plus sage de s’agenouiller au pied de son petit potager et récolter la joie de notre effort. En ce XXI siècle, et de prospérité, on quitte la maison avec nos sacs vides se procurer l’indispensable.
Longtemps plus tard, l’ail est sorti du néant et j’ai commencé à m’intéresser à cette culture. Je savais qu’on faisait beaucoup d’efforts en Ontario et dans la région de l’Île de Vancouver à développer cette production absente au Canada mais abondante aux USA (Gilroy) et en Chine. Je vous l’assure, la culture de l’ail à Victoria est une pratique tout aussi simple que de se procurer quelques graines de persil et les déposer sur un terreau de culture et, finement recouvertes de ce dernier. D’accord, ensuite, il faut arroser. L’ail est une plante de zone froide qui peut très bien se récolter de notre île à l’Île du Prince-Édouard. Octobre et novembre sont la période idéale de plantation. Mais, pourquoi? C’est que l’ail, tout comme le bulbe de tulipe déploie ses racines à basse température. La gousse ou caïeux simple que vous plantez à quatre cm de profondeur aura développé cent jours plus tard un bulbe réunissant plusieurs gousses, entre cinq et neuf. Ses conditions de culture sont à l’opposé de ce que demandent le basilic et la tomates, plantes de chaleur, trio incontestable et indissociable.
Pour éviter toutes complications, planter l’ail en élévation, dans des bacs de trente cm de haut, d’un mètre de large et six de long. De plus, le lieu doit être très ensoleillé, son sol bien drainé et riche en matières organiques. Je tiens à vous prévenir, il se peut qu’une maladie fongique puisse survenir, et vous décevoir. Une sorte de pourriture du plateau le Sclerotium cepivorum est de plus en plus répandue dans le sol. Si votre lieu est intact et votre fournisseur fiable, vos chances de perdre votre récolte seront minimes.
Enfin, en plus de l’ail, il est encore temps de semer des épinards, et sous abri, toutes sortes de légumes-feuilles croustillants. Ainsi, vous pourrez vous adonner au jardinage d’hiver et défier limaces, escargots et coups de froid inattendus. Et, tard en automne, si vous êtes saisis d’un soudain découragement, tournez-vous vers la germination, les lentilles, les arachides, les tournesols, les fèves mung et autres, votre ultime jardin intérieur. Bon mois d’octobre et au suivant.

novembre 2009 (Dans les bulbes...)

Dans les bulbes…
Des bulbes en toutes saisons et surtout en novembre où tout est dans un état de somnolence et d’humidité, voilà l’activité idéale pour se remonter. Et hop! En général, c’est en cette période de l’année qu’on se pose la question à savoir dois-je me procurer ou pas quelques bulbes exotiques.
Si oui, il fait admettre que le résultat ne sera pas soudain et qu’il faudra bien vivre quelques mois dans l’attente du spectacle en couleurs. Plus souvent qu’autrement, on achète des bulbes dans le but de s’offrir, ou d’offrir au voisinage, une palette de teintes toute personnelle. Vous pouvez acheter neuf bulbes de tulipe gros calibre et créer un effet véritable, qu’ils soient plantés en pleine terre ou en pot. Et si vous êtes emportés par la culture des bulbes, en plus d’être une nature impulsive à la vue de photos tout aussi inspirantes que subversives, allez-y pour une caisse de plusieurs dizaines. Des bulbes, ça se plantent serrés à une profondeur qui joue entre trois et neuf cm.
Je vais délaisser le bulbe de la tulipe et m’attarder à un en particulier, l’Hippeastrum, mieux connu sous le nom d’amaryllis. J’avoue dès le départ que ma petite collection d’amaryllis a été presque entièrement décimée par une pourriture du bulbe. Ces bulbes sont très fragiles au froid et à l’humidité excessive et il s’en est suivi d’une destruction du bulbe à sa base et de ses racines. Donc, dès septembre rentrez-les à l’intérieur. La majorité de nos amaryllis sont des cultivars issus de croisements d’espèces provenant des Amériques, centrale et du Sud. Et des cultivars, on en retrouve sur le marché, année après année, en abondance.
Si vous désirez les conserver durant plusieurs années, il y a quelques petits trucs à suivre. Comme vous le savez sans doute, on plante ce bulbe à tunique (l’enveloppe brune) dans un terreau ordinaire composé de mousse de sphaigne, de perlite et un peu de vermiculite. Personnellement, je préfère le pot de grès à celui de plastique question de stabilité, étant plus lourd. J’ai remarqué qu’au Jardin botanique de Montréal on les cultive parfois dans des pots de 25cm de diamètre afin de sauter quelques opérations de rempotage et de permettre la production de jeunes caïeux, lesquels, à leur tour fleuriront. La réussite dans cette culture se situe dans la fertilisation. Tout au long de son développement, il faut fertiliser l’amaryllis deux fois par mois. Je vous conseille de fertiliser en utilisant un engrais soluble, en alternance, avec du 20-10-20 du 15-5-15 ou du 15-30-15. Aussi, vous pouvez faire usage d’un engrais à dégagement progressif en début de croissance.
Une fois la floraison terminée, vous continuez à fertiliser jusqu’à l’automne même si votre plante passe l’été dehors. Il faut cesser l’apport en eau durant trois mois et mettre au repos à 15 Celcius; ensuite, à une température de 20 à 22 Celsius, après plusieurs semaines elle refleurira au début du printemps. Si vous choisissez de procéder à un rempotage, manipuler délicatement les racines, faites l’ajout de nouveau terreau et reprenez les soins comme s’il s’agissait d’un nouveau bulbe. Voici trois cultivars remarquables : Amaryllis ‘’Mont-Blanc’’, amaryllis ‘’Lady Jane’’ rose à double pétales, enfin, spectaculaire, l’amaryllis ‘’Furore’’.
Bon mois de novembre!

décembre 2009 (Le Poinsettia de Greenfield Park)

Une tradition et Poin…
Je me souviens, une année, nous nous étions offert une plante du temps des Fêtes, une sorte de démesure considérant l’espace disponible dans notre modeste château de la rue Murray; rue linéairement étroite, mais brisée à un bout et nommée Little Murray par les Anglais du coin.
Enfin, il fallait opposer au blanc tapis hivernal, un solide contre poids à la saison. Comme il se dit au féminin : un petit coup de rouge… et on repart. Et puis, il était tout à fait permis de se mettre dans l’ambiance. En cette période-ci de l’année, les jardineries débordent de vert, et de rouge et de couronnes.
Le Poinsettia trônait dans notre salle à manger (le salon étant trop petit) au beau milieu du mobilier et de tout le reste. Sur tige et non buissonnant, il faisait un beau et bon mètre de haut et autant de large. Un vrai spectacle en rouge de bractées, de feuilles veineuses et cramoisies. Me direz-vous :<< Un Poinsettia c’est compliqué à ramener, haut et en couleur, la saison suivante. >> Vrai, à l’achat le produit vous arrive fleuri. Mais c’est beau à regarder si vous aimez Noël, sa couleur, le blanc dans la nuit.
Cette plante de la famille des Euphorbiacées nous est arrivée tout droit de son milieu naturel, au Mexique, de la main d’un américain, ambassadeur et collectionneur de plantes, en poste à Mexico, vers 1825. Il se nommait Dr Joël R. Poinsett. De là, vous comprendrez, un pépiniériste de la région de Philadelphie (Robert Buist) se lança dans l’hybridation et la propagation. Ensuite, ce sera une histoire de famille, celle des Ecke, laquelle un siècle plus tard, commercialisera ce plant compact, partout disponible de nos jours. Et voilà! Depuis, une vague annuelle de petits Poinsettias au temps des Fêtes déferle sur le continent.
Si vous décidez de vous lancer dans l’aventure et préserver votre Poinsettia d’une année à l’autre, c’est simple. Une fois le retour printanier, vous pouvez le conserver à l’intérieur ou le sortir quelques mois avant de le rentrer septembre venu.
Le 1e avril, vous pouvez le rabattre, du tiers de sa hauteur, rempoter et appliquer du terreau sur les plaies pour mettre fin à l’écoulement de latex et éviter le dessèchement des tiges. Vous pouvez le rempoter avec un substrat bien aéré et bien drainé. Une fois par mois fertiliser avec un engrais 20-20-20 jusqu’à la mi-septembre; ensuite, deux fois par mois jusqu’à la fin octobre.
Pour déclencher la production de bractées, à partir de la mi-septembre, cette plante de jours courts à besoin de 14 heures consécutives d’obscurité soit de 18h à 8h sept jours sur sept, durant une période de huit à dix semaines. Durant le jour, la plante a besoin d’une lumière vive. Maintenue à une température de 20c et une fois l’apparition des boutons floraux, abaisser la température à 15 à 18c. Début novembre, vous commencerez une fertilisation telle 15-15-30.
Pour les Mexicains, cette plante tout à fait légendaire et religieuse symbolise << les fleurs de la nuit sainte>>.
Bon mois de décembre et en 2010,
Normand Hébert
louisjardin@hotmail.com

février 2010 (De la bruyère)

À Swan Lake…
Je me suis retrouvé chez une amie aussi ma cliente sous une chute d’eau de janvier quelque part autour du lac des Cygnes au cœur de Victoria. Que faire en ce temps-ci de l’année? Souvent, on m’a répété que je faisais le plus beau métier du monde et qu’en jardinant on atteignait le nirvana à tout coup. Heureusement, on n’a pas confondu le plus beau métier du monde au plus vieux.
Il y a des jours où les conditions climatiques sont telles que, parfois, j’envie les gens qui travaillent à l’intérieur, entourés de collègues, assis droit devant leur écran plat d’ordinateur. La plupart du temps, nous n'avons pas le choix et il faut faire avec l’eau, la chaleur, le froid, le vent et l’humidité. Mais la semaine dernière, j’ai tenu bon et j’ai entrepris la tâche de circonscrire une plante couvre-sol commune de nos jardins. Vous avez deviné, j’ai taillé de la bruyère en train de recouvrir un muret solide de pierres endormies.
Bruyère comme dans Calluna vulgaris ou encore comme la voisine qui ne jardine plus à cause de son dos; dont le prénom est Heather. On ne s’en rend pas compte, mais avec les années, cette plante parvient discrètement à dominer un espace. Les plantes voisines, les pierres, le bois, tout y passe. C’est charmant la bruyère avec son feuillage persistant et son abondante floraison. On peut même la piétiner… légèrement, elle supporte le pâturage et en milieu naturel, survit aux incendies.
Simplement, je vous conseille de la contenir. Pour une taille réussie, soulever son dense chevelu et couper par en dessous, à la base. Ainsi, vous éviterez d’exposer une masse de brindilles desséchées.
La bruyère n’émet que très peu de nouvelles tiges à partir du vieux bois. Je vous déconseille de procéder à une coupe sévère du sommet. Enfin, cet arbrisseau, peu exigeant, vit bien en pot et en sol peu calcaire.
Autrefois, on en faisait usage comme combustible, de fourrage et de chaume. Donc, à Victoria, peu de précipitation; mais que de jonquilles pour amorcer une année 2010 en jardinage et pour les jeux d’hiver: Que la neige tombe!

Normand Hébert
Jardinier-horticulteur
Louisjardin@hotmail.com

mars 2010 (Des fleurs et combien...)

Aligner des chiffres fleuris…
Je me demande souvent quel est l’évènement jardinage le plus courru à Victoria? En fait, ils sont nombreux et le premier de l’année est, peut-être, celui du comptage des fleurs en février. Mais attention, cette fois, ce jeu mathématique aura lieu plutôt en mars. La direction de tourisme Victoria en avait assez de faire cavalier seul. Pas une question d’argent puisqu’il en coûtait, selon le représentant de cet organisme, que 3,500,00 $ annuellement pour gérer ce petit carnaval floral. La tâche est titanesque et reposait uniquement sur les épaules des employés/es de Tourisme Victoria. Pour cette raison, Butchart Gardens et la Chambre de commerce du Grand Victoria se sont, cette année, joints à l’évènement. Je ne suis pas féru de détails, mais je sais qu’on peut inscrire en ligne (internet) notre savant calcul, et si c’est un arbre fleuri adulte, on entre comme donnée 250,000 boutons éclos. Vous savez les petits arbustes que l’on retrouve partout à Victoria, le fameux Calluna ou Erica, Heather, un gros plant fait 2,000 fleurettes. J’en conclus qu’il y a, dans la capitale de cette province autant de fleurs ici que de zéro au déficit américain. Je préfère rester ici à compter des jonquilles.
J’imagine le plaisir que les abeilles, les oiseaux aussi, doivent éprouvés devant un tel spectacle sur lequel butiner. Ça me fait penser aux milliers de bulbes de tulipe que les autorités hollandaises nous acheminent bon an mal an. Et cette année, on s’apprête à fêter l’édition spéciale « Libération » du 65e anniversaire de ce coup de tulipes de la Région de la capitale nationale canadienne.
À Victoria, je crois que c’est celui qui à lieu à tous moments, ça et là, un peu partout dans ce paysage quotidien qui en fait un événement incontournable. Pour les autres tours guidés ou pas, il faut se déplacer et parfois payer des droits d’entrée. Ici, je parle des tours, mini ou grands. L’an passé, en fin d’été, j’ai visité une cour arrière spectaculairement aménagée en sorte de jardin nourricier, que l’on appelle en anglais Kitchen garden,ou food garden. Pour 20,00$, on peut s’inscrire et participer à ce genre de petit tour style agriculture urbaine.
La prochaine démonstration florale, si je peux vous suggérer un endroit, c’est le jardin Finnerty de l’Université de Victoria. Il y a de tout et surtout des rhododendrons et des azalées, genres réputés pour sol acide. Mais revenons à mon sujet initial. J’ai visité deux événements cette fin de semaine dernière. Le premier, c’est le Salon de l’habitation ou Home and Garden show au Save- On- Foods Memorial Centre. J’ai été déçu du peu de participation du milieu horticole. Il y avait la pépinière Russell, une autre de Duncan et une troisième dont le nom m’échappe. C’est tout ou presque. Toutefois, une excellente présentation de Jeff de Jong, responsable au jardin Abkazi, actif sur la scène horticole et les ondes radiophoniques à Victoria, dont les propos concernaient les nouvelles tendances, le jumelage de l’ornementale et du culinaire. Pour le reste, et en majorité, ça concernait la rénovation domiciliaire.
Mais l’évènement très courru a été la Fête des semences, connue sous le nom de Seedy Saturday. Il y avait foule et des conférenciers de marque dont Bryan Minter, Carolyn Harriot, tous deux traitant de révolution végétale planétaire jusque dans votre assiette. Philip Young, des jardins Glendale, nous a parlé avec simplicité et conviction du comment et pourquoi entretenir ses arbres fruitiers. Si manqué, à mettre à votre agenda 2011… et bons semis!
Normand Hébert
louisjardin@hotmail.com

avril 2010 (Lavande)

Après l’hiver…
Il existe une plante très en vogue que l’on cultive en raison de ses feuilles oblongues persistantes et aromatiques, ses fleurs sont parfumées, uniques et sa floraison prolongée. Longtemps, cette culture fut absente de nos jardins et je crois tout simplement par ignorance. Aujourd’hui, autour de l’aéroport de Victoria, elle est produite sur une base commerciale. Séchées, ses fleurs mises en sachets donnent au linge une odeur agréable, et en plus entrent dans la composition des pots-pourris.Tenace, elle croît presque partout au sud du territoire canadien.
C’est une plante de peu d’entretien pourvu que son milieu compte six heures d’ensoleillement ou plus et son sol bien drainé. Une seule semence peut parvenir à s’établir entre deux pavés ou parmi des galets et se développer. Enfin, on pourrait même lui attribuer le titre de plantes pionnières comme on les désigne dans des régions forestières. Dans nos jardins, elle est cultivée en isolé, car elle peut atteindre un mètre de diamètre en l’espace d’une dizaine année. Également, en plus d’être répulsive auprès de certains insectes, elle peut servir à délimiter un potager ou de petits jardins thématiques tels que culinaire, médicinal et aromatique. Une plante de ce genre peut bénéficier de soins sophistiqués ou tout simplement être abandonnée à son sort.
Si vous détenez un jardin ou un espace dans ce dernier, où vous pouvez vous faire bronzer au soleil, c’est tout à fait la plante idéale; surtout si vous êtes du genre jardinier paresseux, ou autrement, un adepte du voyage. Il y a plusieurs années, lors d’un voyage en auto dans un État de l’Est américain, je m’en souviens encore; cette plante dont je vous parle et que le nom va me revenir, m’est apparue, pour la première fois, cultivée sur tige et à quatre à cinq fois son prix en magasin. Mais vous auriez dû voir le spécimen. D’un mètre de haut, très droit et accompagnée d’un tuteur de bambou rigide, cette plante largement cultivée en Provence, s’était, par main d’homme, métamorphosée en produit végétal vedette. Taillée avec minutie, on avait fait de cette dernière, une plante élégamment érigée contraire à son port naturel. Tout comme un pommier, abandonné à lui-même, il ne produira surtout que du feuillage, des fruits tachés et souvent dévorés par les insectes. Il en est de même pour ces plantes, lorsqu’en touffes et négligées, ont tendance à se déformer en vieillissant. Pour terminer, un conseil au sujet de la taille, elle se fait sévère le printemps et nom à l’automne. Ainsi, vous accomplirez en un rien de temps les soins requis et obtiendrez en peu de temps un plant vigoureux et des fleurs en abondance. Mais comment se nomme-t-elle déjà… c’est en perdre son latin. Ha! oui, Lavandula comme dans essence de lavande.
Bon printemps!
Normand Hébert
louisjardin@hotmail.com

mai 2010 (Hedera Helix et Vinca Major)

Les deux espèces…
Dans certaines régions du pays moins tempérées que la nôtre, on met parfois temps et argent à cultiver des plantes qualifiées d’envahissantes sinon d’indésirables dans nos jardins de la côte ouest. La première que j’ai rencontrée récemment porte le nom latin Hedera Helix et se retrouve fortement répandue à Victoria comme à Vancouver, et dans les Îles du golfe dont Saturna avec certitude. On pourrait lui donner l’épithète de bourreau des arbres, car ce lierre anglais, english Ivy, muni de racines aériennes est d’une vigueur étonnante. Il réussit lentement à supprimer sur son passage toute végétation étrangère. Non sans raison qu’on le compare à une liane, car ce lierre commun peut en quelques années parvenir à couvrir de son feuillage dense et persistant, un arbre haut de 15 mètres et ensuite, poursuivre sa course aérienne sur des fils électriques. À certains endroits à Vancouver ou ailleurs, il remplace la pelouse et on le contrôle en faisant usage d’un puissant taille-bordure, à essence de préférence. Dans les régions plus froides du pays, cette plante survit sous une couverture de neige et lorsqu’elle tente de s’agripper à un arbre ou toutes autres structures, le vent glacial en limite son développement aérien. On recommande de la cultiver en contenant comme plante saisonnière.
La seconde plante à racines traçantes qui nécessite de votre part une vigilance particulière s’appelle Vinca Major, grande pervenche en français et periwinkle, vous aurez deviné, en anglais. Vous comprendrez que j’utile le nom latin par volonté d’exactitude, car l’hybridation actuelle engendre beaucoup de confusion dans le monde des plantes. Une autre plante porte le nom de periwinkle et c’est une plante intéressante, mais différente. Elle s’appelle Catharanthus roseus. Il y en a même une autre et c’est la Vinca Minor. Ces deux espèces ne font pas partie du groupe de plantes, il y en a douze actuellement, proscrites par un organisme reconnu du Grand–Vancouver le GVIPC. Cette plante considérée comme indésirable produit à ce temps-ci des fleurs couleur lavande attrayantes. Le problème, lorsque le Vinca Major s’installe dans un lieu comme un muret de pierres, il devient vite dominant jusqu’au point où votre muret en question devient inapparent. À nouveau, ailleurs au Canada, on l’utilise comme une annuelle retombante dans la composition des paniers suspendus. Le Vinca Major est non rustique dans le reste du pays. Si vous recherchez des plantes pour stabiliser des berges et réduire l’érosion, il existe le Raisin d’ours Arctostaphylis uva-ursi kinnikinnik, le Salal ou Gaultheria shallon (fruits comestibles délicieux), le Quatre-temps Cornus Canadensis ou Bunchberry . Ces plantes tapissantes ou couvre-sol indigènes serviront en remplacement aux plantes à éliminer de votre jardin ou tous autres espaces. La méthode d’éradication recommandée demeure mécanique, c'est-à-dire manuellement sinon au moyen d’un herbicide biologique de préférence.
Enfin, pour terminer et dans un autre ordre d’idées, la réflexion du mois : « Le potager, premier pas vers l’équilibre alimentaire ». Le temps des semis est à toute fin terminé, c’est le moment de penser à mettre en terre ou en pot vos plants de légumes. C’est de la chaleur et du soleil qu’il nous faut, disent-ils.
Bon jardinage!

Normand Hébert
Horticulteur/consultant
louisjardin@hotmail.com

juin 2010 (Laurier-sauce et laurier-cerise)

Cerise ou sauce…?
Qu’y a-t-il au fond de ma cour à part le soleil du sud-est? Il existe un mur végétal (six arbres) qu’un propriétaire antérieur a eu l’idée d’aménager il y a de cela dix ans dans le but de se protéger du regard indiscret des résidents de l’immeuble voisin. J’avoue, c’est un petit complexe immobilier qui ne compte que quatre maisons de ville, mais de la passerelle, ils ont accès tout droit à notre intérieur de maison. Vous allez me dire que des rideaux ça existe, mais pas jour et nuit. La lumière du jour ça compte sur le moral et le soleil aide à réduire la facture d’électricité. Le compte d’Hydro, ne va jamais en baissant, même en vacances ça vous rattrape au retour.
Mon propos horticole? Le Prunus laurocerasus me sert d’écran depuis que nous vivons ici. À notre arrivée, j’admets n’avoir pas fait très bon ménage avec lui. J’avais au fond de la cour une sorte de palissade verte de deux mètres d’épaisseur par quatre mètres de hauteur. Notre cour intérieure n’était déjà pas grande, il fallait faire quelque chose, une offensive. Somme toute, j’avais une sorte de haie d’arbres dont le nom est laurier-cerise ou communément appelée « English Laurel » ou « Cherry Laurel ». Étant du métier, je suis enclin à observer ça et là comment un/e professionnel/le ou monsieur ou madame tout le monde s’adonne à la taille. Tailler peut être pour certains une occasion de se défouler. Je ne veux pas être condescendant, mais ça existe (surtout chez les hommes) et je le comprends. Oui, cette expérience m'est arrivée une fois dans ma vie et c’est avec les lauriers-cerises de ma cour. J‘avais fait un trou dans le mur végétal. D’ailleurs, la voisine est apparue et me dit en anglais : Ça va pas le voisin? J’ ai exprimé mon regret et lui dit que le tout allait repousser! Et depuis, je crois qu’ils ont déménagé ou sont partis en voyage prolongé.
Effectivement, la nature a corrigé mon excès et j’observe le vert tendre de la pousse annuelle sur fond de feuillage persistant vert irlandais. En milieu urbain, on ne peut faire autrement que de contenir la nature. Ces fleurs d’un léger parfum, il se peut que je confonde avec l’odeur agréable de l’Oranger du Mexique, se présentent sous forme de grappes. Chez le laurier-cerise, tout est toxique pour l’homme, son fruit noir (la drupe) ainsi que sa feuille cireuse. D’ailleurs, elle met passablement du temps à se décomposer. Donc, il existe dans notre région, tout comme à Vancouver, une vingtaine de plantes envahissantes, en émergence. Le laurier-cerise est de ce nombre. Ce n’est pas une plante à bannir, mais il est bien de savoir que sa croissance est très rapide et qu’elle nécessite, en milieu urbain ou à proximité d’un bâtiment, d’être fréquemment taillée. Et pour conclure sur une autre note, si vous mettez une ou deux feuilles de laurier-cerise avec un papillon dans un bocal fermé, il périra à cause de la toxicité des feuilles. C’est ce que les entomologistes font parfois pour tuer « proprement ». Attention, ne pas confondre le laurier-cerise avec le laurier-sauce dont le nom latin est Laurus nobilis. Il y a toute une différence. Le second est une plante aromatique utilisée en cuisine et il peut même servir de haie. Il existe un imposant laurier-sauce adulte présent le long de l’avenue Rockland sur le terrain de la Maison Lieutenant- Gouverneur de la Colombie-Britannique.
Je pense que je vais me préparer à dîner. Vous choisissez sauce ou cerise? J’opte pour sauce.
Bon appétit!
Normand Hébert
Horticulteur/consultant
Louisjardin@hotmail.com

septembre 2010 (Maison Point Ellice)

Jardin du pacifique
Jardin et Maison de Point Ellice
Pour septembre, je pourrais vous entretenir que de fruits, petits fruits et légumes; cependant, j’ai choisi de vous parler d’un lieu historique et de son jardin. C’est la Maison Point Ellice de la rue Pleasant. Ce jardin fait contraste avec celui que nous connaissons tous, le Butchart Garden. Ce dernier s’est développé suite à l’exploitation d’une mine de calcaire au début du vingtième siècle. Aujourd’hui, on pourrait presque affirmer que Victoria est synonyme de Butchart Garden, celui-ci étant mondialement connu et à l’avant-plan des campagnes publicitaires de la ville. Ce qui distingue le plus les deux sites c’est que l’un est une entreprise privée tandis que Point Ellice est géré depuis 2004, par un organisme public, Capital Mental Health Association. Cette résidence et ses jardins ont appartenu à la famille O’Reilly pendant 108 ans. À l’époque, ce site était tout autre. Il y avait des arbres fruitiers, des champs de foin et des pâturages pour les chevaux , dont Blackie, le cheval de Carolyn O’Reilly. Aujourd’hui, Point Ellice se trouve au milieu d’un quartier industriel et de surcroît, très bruyant en semaine. Tout un contraste, et c’est, je crois, ce qui en fait un lieu remarquable qui mérite d’être visité. Cette famille fortunée d’origine irlandaise s’adonnait au jardinage et cultivait les plantes tant ornementales que légumières. C’est un des messages qu’elle nous a légués.
Pour amorcer la visite, parlons des arbres. Ils sont très grands et très vieux. En 1876, Peter O’Reilly plante un Sequoia (le Red Wood) lequel est devenu géant de nos jours. C’est l’arbre emblématique de la Colombie-Britannique. Ensuite, vous trouvez des essences de grandes tailles dont des arbousiers de Menzies (Arbutus) inclinés en direction de Point Hope Shipyard sur la rive Ouest, des chênes de Garry, des tilleuls, des châtaigniers et des hêtres à feuilles cuivrées. Le fait que ces arbres soient géants, isolés dans un environnement aussi hostile, Pleasant Street, porte à réfléchir... quel paradoxe!
Bien que la roseraie du temps des O’Reilly n’existe plus, on y dénombrait les rosiers suivants : Gloire de Dijon, Général Jacquimenot, Souvenir d’un Ami, Marie Van Houtte et Souvenir de la Malmaison créé en 1843 par le rosiériste français Beluze. Cultivés sur treillis de fer forgé en forme d’arceau, ils témoignent de l’atmosphère qui y régnait au début du siècle dernier. Tout autour de la propriété, on remarque la présence de plates-bandes sobrement fleuries et de parterre de gazon.
Dans une section du jardin, ayant en arrière-plan l’entreprise Victoria Landscape-Gravel Mart bien camouflée par un mur végétal, on découvre un potager mixte.
Il était d’usage au temps des O’Reilly, de s’approvisionner en semences afin d’y cultiver une variété suffisante d’herbes et de légumes. Intelligemment aménagé et en parcelles, le potager offre une idée de ce qui pouvait se cultiver tant à cette époque que de nos jours. On y retrouve tout comme dans la tradition autochtone les trois semences essentielles à la subsistance : courges, haricots grimpants et maïs. Il y a des herbes aromatiques surtout des vivaces, mais peu de plantes condimentaires annuelles telles, le basilic et la coriandre. Enfin, des courgettes, des concombres, des pois, des choux, des radis, des patates, du céleri, de la livèche et des légumes feuilles se côtoient calmement en « rang d’oignons ».
Et pour terminer, ce qu’il y a d’unique à la Maison Point Ellice, après le tour du jardin et la pause-café au restaurant de l’endroit, le Victoria Harbour Ferry y fait des arrêts fréquents et vous transporte par voie maritime vers une autre destination de votre choix. Cette balade vous permet ainsi d’admirer le jardin Point Ellice d’un angle différent.
Bonne visite!
Normand Hébert
Horticulteur/consultant
louisjardin@hotmail.com

octobre 2010 (Jardin japonais, Esquimalt)

Chronique horticole
Un jardin japonais à Esquimalt
Qu’est ce qu’un jardin italien ou français et un jardin japonais ont en commun? Au premier coup d’œil, peu, je vous l’accorde. Toutefois, ils sont inspirés par une force commune. Ils sont le produit de l’intervention humaine qui se traduit soit par un élan de créativité d’une part et d’autre part par une forme de discipline fortement perceptible. À travers sa pensée et ses gestes, le concepteur de jardin se donne comme mission de réaliser une ambiance favorable où détente et contemplation vont nous habiter le temps d’une visite. Ceci dans un cadre très précis. Cette force commune, cette construction dont je parlais tout au début, c’est la rigueur. Ce qui est exigeant dans un jardin au début, ce sont les idées, la disponibilité d’esprit, mais avec temps et efforts, on obtient un résultat fabuleux.
Un peu plus près d’ici, cet été dans une rubrique quelconque du Victoria News, traitant du Centenaire de la Marine canadienne, je lisais donc un article au sujet d’un jardin japonais en restauration à Esquimalt.
Projet intéressant… qui au dire du directeur du service des Parcs, Andy Katschor, devrait être achevé à temps pour la commémoration des Fêtes du centenaire d’Esquimalt en 2012. Les travaux progressent lentement et budget aidant, les autorités de la Ville veulent faire de ce jardin japonais restauré un haut lieu des Fêtes du centenaire.
Ce jardin japonais est le plus vieux en son genre au Canada. Les familles Takata et Kishida avaient à l’époque, en 1905, négocié une entente avec la Société des tramways électriques de la province de Colombie-Britannique pour l’aménagement d’un jardin japonais et de pavillons de thés dans le Parc Kinsmen Gorge (accès par le pont Gorge et ensuite à droite sur Gosper Cr.), (anciennement parc d’attractions du BC Electric Railway Co) lesquels seront exploités jusqu’en 1941 par la famille Takata. Concepteur de jardin, Isaburo Kishida, à la demande de son fils, était venu du Japon réaliser les plans du jardin japonais d’Esquimalt. Par la même occasion, deux autres mandats lui furent accordés, la conception d’un jardin japonais à la demande de Jennie Butchart du Butchart Garden et celui de la famille Dunsmuir (le Hatley Castle à Royal Roads).
Quelques décennies plus tard, le jardin connut une fin insoupçonnée. Tous les érables japonais que Kensuke Takata avait cultivés à partir de semences durent être déménagés chez des amis. En 1941, lui et sa famille reçurent l’ordre d’évacuation et furent par la suite internés jusqu’à la fin de la Seconde Guerre. Laissé à l’abandon, le jardin japonais du parc Kinsmen Gorge fut vandalisé et pillé pour ensuite sombrer dans l’oubli. Vous connaissez l’adage suivant : un jardin ne survit pas à la mort de son jardinier. Pas tout à fait vrai dans le cas du jardin qui nous concerne. Aujourd’hui, les autorités municipales visent à rendre hommage au fondateur du premier jardin japonais du pays. Étant interdit, après la Seconde Guerre mondiale, aux citoyens canadiens d’origine japonaise de retourner s’établir en Colombie-Britannique, la famille Takata réunifiée, s’établit à Toronto en 1945. M. Takata poursuivit son œuvre au sein de la Société de bonsaï de Toronto. C’est à partir de boutures de quelques arbres adultes de sa collection de Victoria, que des amis avaient conservée, que Kensuke Takata, dans les années soixante, animât des ateliers d’art bonsaï à Toronto.
Vous pouvez vous rendre au parc Kinsmen Gorge et assister à la restauration du premier jardin japonais canadien en devenir. Enfin, si vous désirez en savoir davantage sur le jardin japonais et l’esprit qui l’anime, je vous conseille de visiter le site du Jardin botanique de Montréal.
« Pénétrer dans un jardin japonais, c'est une façon de retrouver un environnement susceptible de donner quiétude et harmonie à son âme troublée par le rythme rapide de la vie moderne.»
Bonne visite!
• http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/japonais/japonais.htm

• http://torontobonsai.org/Journal/Journal.2004/apr.2004/KENSUKE.TAKATA.htm


Normand Hébert
Horticulteur/consultant
louisjardin@hotmail.com

novembre 2010 - À découvrir si... (Arbustes à bonbons et graminées)

À découvrir si….
Je dois me préparer à l’inévitable. De jour en jour, le soleil semble vouloir tomber plus tôt et se relever plus lentement le matin suivant. Au suivant! Depuis toujours, oui, toujours est un terme illimité, qui fait appel au néant. À ce temps-ci de l’année, j’ai un vieux et même réflexe celui de mettre en terre quelques semences ou bulbes exotiques. De la gousse d’ail aux bulbes de tulipe sans oublier quelques cormes de glaïeul, nous entrons dans la saison des bulbes. Planter des bulbes, c’est comme un investissement, ça rapporte à long terme et surtout vous êtes assurés du rendement de votre geste des années durant. Admirer son avoir végétal, ce n’est pas de l’avarice. C’est plutôt un acte de partage, esthétique et contemplatif.
Je viens donc de vous suggérer une activité automnale autre que celle de ramasser vos feuilles, celles du voisin ou celles des arbres de rue. D’ailleurs, existe-t-il une rue novembre? Mon propos portera sur quelques plantes ornementales pour grand ou petit jardin.
Callicarpa americana

La première est une plante vedette que j’ai pu observer pour la première fois, ici à Victoria. Au tout début, j’en ignorais le nom et lorsqu’une lectrice m’écrivit pour me demander de l’identifier, je lui ai répondu : soyez patiente, je vous reviens. Le voilà! C’est un arbuste aux baies bleu-violet qui se nomme Callicarpa americana ou arbuste aux bonbons. Plante de taille moyenne, exempte de maladie, mais sensible au vent froid, le Callicarpa provient du sud des États-Unis et préfère se retrouver en plein soleil. Ses baies sont astringentes et impropres à la consommation humaine. Son niveau de rusticité se situe à 7 ce qui en fait quand même un arbuste gélif sous notre climat. Pour ses mauves bonbon, je lui concède le titre d’arbuste coup de cœur.
Imperata cylindrica rubra

Toujours au soleil, mais cette fois dans la famille des graminées, l’Imperata cylindrica rubra aux feuilles rouges terminales mérite une place de choix dans votre jardin. Cette graminée convient parfaitement à une culture en pot ou en pleine terre. Son port est érigé et le demeure en permanence. À croissance lente, rustique et stérile ( peu invasive comme certaines autres graminées) l’Imperata croît très bien dans un sol bien drainé et supporte la sécheresse.
Anemanthele lessoniana ou (Stipa arundinacea)

Originaire de Nouvelle-Zélande, cette graminée mérite de faire partie de votre aménagement. De forme ovale et gracieuse, le feuillage fin et arqué d’un vert moyen l’été tourne pour emprunter des teintes joliment cuivrées et orangées en périodes froides. Peu exigeante et tout à fait rustique sous notre climat l’Anemanthele produit de fins épis floraux qui pourront être éliminés si vous désirez éviter la propagation de la plante. Le Stipa se plaît dans un sol sec et bien drainé en situation ensoleillée ou mi-ombragée. Si vous cherchez à la mettre en présence d’une autre plante, je vous conseille un petit couvre-sol étoilé, l’aspérule odorante (Asperula odorata) à fleurs blanches et lorsque foulées du pied, elles dégagent un parfum agréable.
Bon mois de novembre!
Normand Hébert
Horticulteur/consultant
louisjardin@hotmail.com